Un nouveau site web “Balagh.tn”, renfermant une nouvelle application “Balagh”, sera lancé bientôt, par le centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF), permettant aux victimes de harcèlement dans les transports publics d’alerter immédiatement contre tout type d’agression, a annoncé Nizar Delaî, analyste en informatique au CREDIF.
Présentant cette nouvelle application lors d’une conférence tenue, mardi au siège du CREDIF pour faire la lumière sur le rapport d’évaluation de la campagne de sensibilisation contre le harcèlement dans les transports publics “Ma yerkebch”, il a souligné qu’elle constitue un observatoire de données aidant à évaluer le phénomène de harcèlement, à collecter des statistiques fiables et à prendre les décisions nécessaires pour la lutte contre ce phénomène, outre l’intervention rapide.
“Cette application aide, aussi les internautes à signaler un acte d’harcèlement dont ils sont témoins en précisant le type d’acte, le lieu, la ligne (du métro ou du bus) et l’heure”, a-t-il précisé.
En outre, une application intitulée “les stations du harcèlement” a été également lancée dans le cadre de cette campagne. L’idée est de proposer aux internautes une application qui reprend le visuel des plans du harcèlement”, a expliqué Karim Bouzouita, expert chargé de la campagne. L’originalité de l’application est de permettre aux victimes de témoigner publiquement de manière indirecte.
Un court-métrage de sensibilisation contre le harcèlement, intitulé “harcha”, a connu un succès remarquable en ciblant 537 465 personnes et en enregistrant 238 951 vues de la vidéo sur le web, a-t-il estimé.
Pour sa part, Dalenda Largueche, directrice générale du CREDIF, a indiqué que cette campagne se poursuivra pour toucher les régions de l’intérieur. Cette campagne ne peut pas éradiquer le phénomène de harcèlement mais elle permet de sensibiliser le grand public et d’aider à briser le mur de silence, a-t-elle fait remarquer.
En présentant le bilan, elle a affirmé que le nombre des affiches réalisées, dans le cadre de cette campagne, s’élève à 243 affiches pour les métros et 20 autres pour les bus.
Qualitativement, le traitement médiatique de la campagne a été globalement positif, s’est-elle félicitée, soulignant que le témoignage d’une jeune femme victime d’une agression dans le train a été largement relayé par les télévisions nationales et internationales.
“La campagne a, en outre, permis une compréhension de la problématique et de montrer que c’est le harceleur qui doit se sentir isolé et pointé du doigt. Il doit savoir que le temps de l’impunité est terminé”, a-t-elle insisté.
Elle a fait valoir que cette campagne a contribué à aider la victime à se sentir socialement soutenue par les témoins qui ne doivent plus, à leur tour, ni accepter ni normaliser le harcèlement dans les moyens de transport en commun.
La campagne de lutte contre le harcèlement dans les moyens de transport public “Ma Yerkebch” a été lancée le 25 septembre 2017 à l’initiative du CREDIF et la société des transports de Tunis (TRANSTU). Elle a été menée suite à une étude réalisée, par le CREDIF en 2015 auprès de 3000 femmes, sur la violence exercée à l’encontre des femmes dans les espaces publics, montrant que 53,5 % d’entre elles ont été exposées au moins une fois à la violence et au harcèlement dans un espace public.
Soutenue par l’union européenne (UE) et le fond des Nations Unies pour la population (FNUAP), la campagne est d’une durée d’un mois (du 25 septembre au 25 octobre 2017). Elle s’inscrit dans le cadre d’un plan national de promotion de l’égalité homme-femme et dans le cadre des “16 jours d’activisme pour lutter contre les violences faites aux femmes”.
Selon des statistiques fournies par le CREDIF, sur la situation actuelle de la violence fondée sur le genre, plus de la moitié des femmes en Tunisie ont subi une forme de violence dans l’espace public. Une femme sur quatre a été embêtée dans la rue plus de dix fois durant sa vie. Neuf femmes sur dix, soit 90 % empruntant les transports en commun ont été, au moins une fois, victimes de harcèlement. 42 % des femmes subissent une violence lors de leurs déplacements et six femmes victimes de violence sur dix sont âgées de moins de 35 ans.