Une rencontre débat sur la loi organique n° 2017-58 du 11 août 2017 relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes s’est tenue, samedi soir, à Paris, à l’initiative de l’Association des Tunisiens en France (Atf), l’Association démocratique des Tunisiens en France (Adtf), la Fédération des Tunisiens citoyens des deux Rives (Ftcr) et le Réseau euromaghrébin citoyenneté et culture (Remcc).
La rencontre débat sur la loi organique tunisienne qui entrera en vigueur en février 2018, était une occasion pour présenter les acquis et les lacunes de ce texte adopté le 26 juillet 2017 par l’Assemblée des représentants du peuple.
La juge Samia Doula a mis en exergue le caractère innovateur de la loi 58, au niveau de la terminologie juridique, des nouvelles infractions, de la lutte contre l’impunité, et la définition du viol.
” Désormais le terme victime est utilisé dans la nouvelle loi “, souligne la juge qui a énuméré d’autres acquis, tels que : ” le droit à des mesures de protection, à la prise en charge médicale, psychique, et l’accompagnement social, à la réparation et à l’assistance juridique gratuite “.
L’avocate Donia Ben Othmane a indiqué que la loi 58 assure la prévention contre les violences faites aux femmes, leur protection, la poursuite judiciaire des auteurs de violence ainsi que la prise en charge des victimes.
Elle relève en revanche des lacunes. ” C’est le statuquo en ce qui concerne le viol conjugal “, souligne Ben Othmane, tout en précisant que ” le conjoint peut toujours demander le divorce pour faute “.
L’ancienne présidente de l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (Afturd), Radhia Belhaj Zekri, a rappelé l’histoire de l’engagement des féministes tunisiennes depuis 1991 dans la lutte contre les violences à l’égard des femmes jusqu’à 2017.
La représentante du groupe femme de la Ftcr, Behija Ben Hiba a insisté sur l’importance d’appliquer les textes de loi protégeant les femmes contre toutes les formes de violence.
D’ailleurs, ” les textes sont souvent bafoués “, se mettent d’accord les intervenantes, tout en précisant que ” le combat continue pour appliquer la loi 58 et qu’il faut débloquer des fonds pour soutenir la société civile dans sa lutte contre la violence faite aux femmes “.
En marge de cette rencontre, la présidente de l’Union nationale de la femme tunisienne (Unft) Radhia Jerbi, s’est indignée, face aux messages véhiculés par la campagne choc contre les violences faites aux femmes, lancée cette semaine en Tunisie.
” C’est indécent “, déclare Jerbi, à l’agence Tap, tout en précisant que l’Unft n’est ni l’auteur, ni une partie prenante dans cette campagne qui véhicule, selon elle, des stéréotypes contre les femmes.