JCC2017 : “Vent du Nord” de Walid Mattar, un regard profond et léger d’un Nord/Sud mondialisé

“Vent du Nord”, premier long métrage du réalisateur tunisien Walid Mattar a ouvert le bal, hier dimanche, des films tunisiens sélectionnés dans la compétition officielle “catégorie longs métrages de fiction” de la 28ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage qui se poursuit jusqu’au 11 novembre 2017.

D’une manière ingénieuse et loin des clichés, Walid Mattar traite des problèmes liés à la mondialisation mêlant à la fois légèreté et gravité. Touchant à la fois le Nord et le Sud, la mondialisation est évoquée selon un regard croisé entre deux destins d’hommes séparés par la mer méditerranéenne mais unis par un même destin. Nord de la France. L’usine d’Hervé est délocalisée.

Il est le seul ouvrier à s’y résigner car il poursuit un autre destin : devenir pêcheur et transmettre cette passion à son fils. Banlieue de Tunis. L’usine est relocalisée. Foued, au chômage, pense y trouver le moyen de soigner sa mère, et surtout de séduire la fille qu’il aime. Les trajectoires de Hervé et Foued se ressemblent et se répondent.

Loin des stéréotypes, cette fiction propose une peinture réaliste des problèmes de la précarité et du chômage qui minent les sociétés française et tunisienne. Mattar aborde des thématiques profondes et lourdes avec un dialogue bien tranché et cru dans l’utilisation des deux langues (français/dialecte tunisien).

La force du film réside dans la justesse du jeu des acteurs comme celle du rappeur tunisien Mohamed Amine Hamzaoui (Foued) ou l’acteur français Philippe Rebbot (Hervé). La justesse du jeu des acteurs se trouve renforcée par l’emploi d’une parole sans retouche se collant à une réalité à la fois violente, grossière mais aussi pleine d’amour et de poésie.

Tout au long de cette fiction de 90 mn, les rires et les applaudissements des cinéphiles retentissaient dans la salle de cinéma “Le Colisée” laissant entendre un public conquis qui s’est reconnu dans les thèmes abordés par le film: la précarité, la violence policière, les relations du couple, le chômage des jeunes et la Harga.

Présent devant une salle comble, le réalisateur Walid Mattar tout en étant ému a tenu à rendre hommage en plus de l’équipe du film aux membres de la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs (FTCA) avec qui il a cultivé ses premiers pas en tant que réalisateur.