Au beau milieu du monde des artistes présents à la Galerie Saladin à Sidi Bou Saïd, prenait place l’artiste peintre Hassen Soufy, le benjamin de l’école de Tunis comme il aime se présenter disant “ce soir je suis là pour un certain hommage, quoi que posthume, pour retrouver l’esprit et le monde d’Aly Ben Salem que j’ai côtoyé pendant des années “.
De ses souvenirs avec feu Ben Salem (1901-2001), il garde en mémoire, un homme et un artiste dont “l’Orient dans ses yeux est une fête. Il a été loin du pays, mais avait toujours une nostalgie”.
Il l’a connu, selon ses dires “comme ami, compagnon et peintre avec qui il a vécu des moments inoubliables”. Au retour de Ben Salem de Stockholm, ce dernier de sa génération d’artistes, dit l’avoir côtoyé avec toute la bande d’amis de l’école de Tunis,- et dont il ne faisait pas partie-, à l’instar de Zoubeir Turki, Ammar Farhat et Hedi Turki.
Il se rappelle encore d’un homme qui “aimait vivre et faire la fête”. Sa femme “Justin” était elle aussi artiste peintre dans la tapisserie. Dans son atelier à Hammamet qui donnait sur la mer et les beaux paysages de la ville sur le golfe, Aly Ben Salem “travaillait avec beaucoup de bonheur, tout le temps inspiré et enthousiaste. C’était un artiste prolifique qui s’exprimait et existait à travers ses œuvres.”
Une belle collection de tableaux inédits, œuvres de l’artiste peintre Aly Ben Salem, propriété de collectionneurs privés de la Suède et de la Tunisie, sont visibles dans l’exposition “Sidi Ben Salem: De Stockholm à Sidi Bou Saïd” dont le vernissage a eu lieu samedi 21 octobre 2017, à la Galerie Saladin à Sidi Bou Saïd.
Le vernissage de l’exposition qui se poursuivra jusqu’au 12 novembre prochain, a eu lieu en présence de l’ambassadeur du Royaume de Suède en Tunisie, Fredrik Florèn qui a parlé d’une exposition exceptionnelle de “l’oeuvre d’un artiste et d’un homme remarquable qui a autant fait pour les deux pays, la Suède et la Tunisie”. Et d’ajouter, “il était le plus grand ambassadeur du pays à travers son art et ses expositions partout en Suède, même dans les provinces, ce qui a fait connaître auprès des suédois la beauté de la Tunisie.” Ben Salem avait organisé la visite officielle de l’ex-président Habib Bourguiba en Suède, a encore rappelé le diplomate.
Aly Ben Salem dont l’atelier à Stockholm était, dans les années 40 et 50, un lieu qui accueillait les politiciens et artistes tunisiens, était un militant pour l’indépendance de la Tunisie. Il a farouchement défendu la lutte de son pays natal et la cause arabe à l époque.
Ce pionnier des peintres tunisiens, a laissé un grand héritage de tableaux d’où se dégagent bonheur et optimisme créant un monde paradisiaque entre douceur du climat tunisien et paysages scandinaves fleuris et enneigés.
Ridha Souabni, fondateur et directeur de la Galerie Saladin a parlé de pièces rares, 59 œuvres en tout, qui couvrent tous les épisodes du parcours d’Aly Ben Salem de 1938 à 2001, date de son décès. Toute une série de tableaux sous le thème du bleu, une couleur dominante sur une bonne période dans l’oeuvre de Ben Salem et où se reflètent toute la technicité et l’âme de l’artiste”.
L’intitulé de l’exposition “Sidi Ben Salem” est comme un jeu de mot que le galeriste a voulu restituer l’atelier de Ali Ben Salem à Sidi Bou Saïd dans cette exposition en guise de petit musée où sont exposées les 59 oeuvres, dont une partie appartient à une famille tunisienne installée, depuis déjà 50 ans en Suède.
Selon le galeriste, l’oeuvre de Ben Salem présente partout en Suède, est “devenue un placement, acheté par les collectionneurs d’art à des prix élevés pouvant atteindre les 38 mille dinars, d’un patrimoine qui se transmet de génération en génération”.