Khaled Dkhil, ex-président de l’association des donneurs d’organes, un sexagénaire, d’une forte personnalité a fait du don d’organes une cause personnelle.
Il ne cache pas sa colère quand quelqu’un lui demande de parler de “son histoire avec le don d’organes”. “On ne peut pas limiter le don d’organes à une histoire ou à de simples souvenirs à relater, il s’agit plutôt d’une philosophie de vie. “, avance-t-il avec fermeté.
“Je suis le doyen des donneurs d’organes en Tunisie. C’est en 1977 que j’ai donné un organe. Qu’importe à qui j’ai donné car je considère que ceci est insignifiant” estime-t-il.
Pour lui le don d’organes est un sujet presque “sacré”. Il recommande d’ailleurs de ne pas le réduire à des simples statistiques. ” Il ne faut pas de même dramatiser le sujet de don d’organes”.
Adoptant l’esprit des grands sociologues, en citant notamment le nom de Marcel Mauss, considéré comme le ” père de l’anthropologie française “, il estime que ce thème a été traité par de grands philosophes qui peuvent nous apprendre beaucoup sur l’esprit de donner. Un esprit qui refuse de réduire le don en une charité blessante.
Du cauchemar de l’attente au rêve du don Convaincu que le principal obstacle du don d’organes en Tunisie est celui d’un manque de culture du don d’organes auprès des tunisiens, Khaled Dhkil insiste sur l’importance de lutter contre les rumeurs. “Parfois le mauvais traitement de cette question, dont certains feuilletons qui propagent des rumeurs, ne contribue qu’à semer la méfiance des potentiels donneurs. ”
La triste situation du don d’organes en Tunisie qui se manifeste en un constat alarmant et des centaines de malades qui meurent chaque année faute d’organes, l’incite à enquêter sur les véritables entraves à la greffe .
Le président de l’association des donneurs d’organes est conscient que faute de donneur, des vies n’ont pas pu être sauvées. C’est pour cela qu’il a tenu à mener un combat pour enraciner une nouvelle culture du don d’organes en Tunisie.
Selon lui, Il faut analyser le comportement des tunisiens et chercher les véritables causes.
Khaled Dkhil n’est pas seulement du côté de ces centaines de patients qui vivent avec le sentiment que la mort va gagner, il est aussi du côté des donneurs.
Ces donneurs sont habités par un sentiment qui les accule à d’extrêmes sacrifices. Eux aussi ont besoin d’une prise en charge, afffirme-t-il. Il cherche plutôt à les soutenir en incitant à suivre ces personnes dès le don d’organes et leur assurer une prise en charge physique et psychique. “Il faut protéger le donneur d’organes en lui attribuant une protection sociale adaptée” insiste t-il.
Le combat de Khaled Dkhil pour la promotion de la culture du don d’organes en Tunisie ne s’est pas limité à
donner un organe, il a choisi de mener cette lutte en présidant l’association des donneurs d’organes.
Le cauchemar d’une attente sans fin que vivent des centaines de patients en attendant un organe, Khaled Dkhil veut le transformer, grâce à sa lutte acharnée, par le rêve de l’enracinement d’une nouvelle culture de don auprès des tunisiens.