” Je donne, tu donnes…., ils vivent ” : ces mots sont affichés en gras à l’entrée du centre national pour la promotion de la transplantation d’organes (CNPTO).
Toul au long du couloir qui mène au bureau de la directrice du centre, des slogans, des photos, des affiches, des statistiques, sont collés, à gauche et à droite sur les murs, pour sensibiliser à l’importance du don d’organes qui ne fait pas que sauver des vies : il donne la vie.
La directrice de l’établissement, Rafika Bardi nous accueille dans son bureau. Depuis la mort de son frère, faute de greffon, elle a fait de la question du don d’organes sa propre bataille. En effet, a-t-elle dit, le donneur vivant demeure la principale source de transplantation d’organes en Tunisie, soulignant que les efforts sont, actuellement, axés sur le renforcement de la sensibilisation concernant le prélèvement d’organes à partir d’un donneur décédé.
En fait, il est très difficile, selon Bardi, de trouver des donneurs vivants (de la famille) compatibles avec le receveur, ajoutant que l’absence d’une culture de don d’organes en Tunisie ne fait que rendre la situation plus difficile et prolonger la souffrance des patients inscrits en liste d’attente d’une greffe.
Selon le bilan d’activités de l’année 2016 élaboré par le centre national pour la promotion de la transplantation d’organes, une discrète amélioration du nombre total des déclarations des donneurs potentiels d’organes a été constatée au cours de l’année 2016 mais elle reste toujours insuffisante en comparaison avec le nombre des sujets en état de mort encéphalique : le nombre des déclarations des donneurs potentiels concernant le prélèvement d’organes à partir d’un donneur décédé s’élève en 2015 à 77 et en 2016 à 87.
Cependant, le constat est alarmant. Des centaines de patients en attente d’organes meurent chaque année en raison de l’absence de donneur, a regretté Bardi.
Elle a expliqué que dans la majorité des cas, la famille encore sous le choc après avoir appris le décès d’un proche, n’accepte pas l’idée de prélever un de ses organes, soulignant, à cet égard, l’importance de former des personnes chargées d’informer la famille du décès et de la convaincre de consentir au prélèvement de l’un des organes du défunt.
En fait, la décision doit être prise, assez rapidement, soit quelques heures après la mort encéphalique pour pouvoir prélever l’organe et le transplanter.
Selon Bardi, il faut exprimer, de son vivant, le refus ou le consentement de faire don de ses organes pour éviter toute perte de temps. D’après le CNPTO, le taux d’opposition de la famille au prélèvement d’organes sur une personne décédée s’élève, en 2015, à 86%.
Concernant les causes de la mort encéphalique, le centre a évoqué les traumatismes crâniens graves, en particulier les accidents de la voie publique, qui ont été les plus pourvoyeurs d’états de mort encéphalique (57,5%), suivis par les accidents vasculaires cérébraux (35,6%). Les causes traumatiques prédominent chez les hommes (64,6%) alors que les principales causes de mort encéphalique chez les femmes sont d’ordre vasculaire (54,5%).
Des patients épuisés sont toujours en attente d’un cœur, d’un rein, d’un foie ou d’une cornée, a souligné Dr Tahar Gargah, médecin, qui a fait du don d’organes sa propre cause surtout qu’il côtoie, chaque jour, des petits patients souffrant d’insuffisance rénale.
Au lieu d’être sur le chemin de l’école ou en classes, ces petits souffrent sous les machines lors des pénibles séances de dialyse, a-t-il dit.
Encadré :
-Une opération de greffe de foie sur un enfant sera réalisée en novembre 2017 au CHU Fatouma Bourguiba de Monastir.
-L’année 2016 a été marquée par plusieurs évènements à savoir la première transplantation combinée foie-rein au CHU Sahloul-Sousse, le démarrage officiel des activités de deux unités de coordination hospitalière de prélèvement (Nabeul et Ben Arous), le redémarrage des activités de la banque des tissus du CNPTO, le développement de l’activité de prélèvement de cornée à travers l’activation de nouveaux sites.
-Selon le CNPTO, le nombre des patients souffrant d’insuffisance rénale inscrits sur la liste d’attente s’élève en 2015, à 1351. Les cas de mort encéphalique recensés en 2015 permettant un prélèvement d’organes s’élèvent à 27.