La directrice générale du Centre National pour la Promotion de la Transplantation d’Organes (CNPTO), Rafika Bardi a souligné, jeudi à Tunis, que sur un total de 600 personnes décédées, chaque année, de mort encéphalique en Tunisie, 3 seulement font l’objet d’un prélèvement d’organe pour sauver la vie d’autres patients inscrits sur une longue liste d’attente.
S’exprimant lors d’une conférence de presse organisée par le CNPTO dans le cadre des préparatifs de la journée nationale de sensibilisation au don d’organes célébrée le 17 octobre de chaque année, Bardi a justifié la réticence des familles à consentir au don d’organes de proches décédés par l’absence d’une culture de don d’organes ce qui entrave, selon elle, la promotion de ce secteur vital.
La directrice du CNPTO a donné un aperçu de la situation du secteur du don d’organes en Tunisie qui peut, a-t-elle dit, s’enorgueillir d’un passé honorable et avant-gardiste puisque la première transplantation d’organes a été effectuée en 1948 (greffe de cornée) et 1986 (première greffe rénale).
Actuellement, le nombre de greffes de cornée s’élève entre 1000 et 1200 chaque année contre 1783 pour la greffe rénale.
Cependant, a-t-elle regretté, la situation actuelle du secteur est loin des attentes et des espoirs du cadre médical et paramédical spécialisé ainsi que des malades souffrant d’une insuffisance chronique qui nécessite un traitement substitutif d’une fonction de l’organisme (rénale, hépatique, cardiaque, pulmonaire, pancréatique…).
Elle a fait savoir que 10 mille insuffisants rénaux sont actuellement mis sous dialyse. Entre 200 et 300 d’entre décèdent chaque année et 1500 sont inscrits sur la liste d’attente pour la greffe d’un rein.
Par ailleurs, le nombre de malades parmi des adultes et des enfants en attente d’une greffe hépatique est estimé, selon Bardi à une centaine de personnes chaque année dont la majorité décède durant la période d’attente d’être greffé, outre 1300 en attente de greffe de cornée.
Selon la même source, 18 transplantations cardiaques ont été effectuées depuis 1993, 43 greffes hépatiques depuis 1998 et deux transplantations pulmonaires depuis 2013.
Ces chiffres demeurent, selon Bardi, loin des attentes malgré les efforts déployés pour promouvoir le secteur et l’existence d’un cadre médical et paramédical hautement qualifié.
Bardi a expliqué le manque de donneurs par les fausses croyances religieuses sur le don et la transplantation d’organes, l’ignorance des garanties légales et médicales et les rumeurs sur l’existence d’un trafic d’organes.
Elle a appelé à renforcer les campagnes de sensibilisation à l’importance du don d’organes et à encourager les citoyens à ajouter la mention donneur d’organes sur la carte d’identité nationale.