En prévision des premières démarches pour le projet d’inscription de la Table de Jugurtha (site archéologique situé au Gouvernorat du Kef), sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), une manifestation culturelle et artistique à laquelle ont pris part plusieurs jeunes et figures du secteur culturel et touristique a été organisée, samedi, à Kalaat Snen qui abrite cet important site archéologique national.
Un spectacle équestre et une exposition artisanale ont été au menu de cette journée de sensibilisation marquant la première étape pour l’inscription du site sur la liste préliminaire du patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui constitue une première dès lors que la Tunisie n’a pas inscrit un site archéologique à la fois naturel et culturel selon les normes de classification internationale définies par le Centre du patrimoine de l’Unesco.
En plus du ministère des affaires culturelles, différentes parties prenantes sont associées à ce projet, dont l’Institut national du patrimoine (INP), l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle (Amvppc), la direction du patrimoine, de l’information et de la culture au sein du ministère de la Défense nationale, l’Office national des mines (ONM), le ministère du Tourisme et de l’artisanat ainsi que le ministère de l’Agriculture.
Des compétences scientifiques et académiques ont été impliquées à ce travail sans oublier les associés à l’échelle régionale comme le gouvernorat et la délégation des affaires culturelles du Kef, la délégation de Kalaat Snen ainsi que des composantes de la société civile comme l’association “Jugurtha” pour l’intégration maghrébine et l’association culture numérique de Kalaat Snen.
Ridha Shili, coordinateur du comité scientifique et artistique du projet d’inscription de la table de Jugurtha sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, a déclaré que “le dossier de candidature devra être présenté par la Tunisie à l’Unesco avant le 20 septembre courant”. L’objectif étant “de faire connaitre ce site historique et d’associer la société civile afin de le classer comme héritage mondial pour sa sauvegarde et sa protection”, a-t-il fait savoir.
Pour Abdelhamid Larguech, membre du comité et expert en histoire antique, la table de Jugurtha constitue “le point culminant du Nord-ouest d’un site historique qui a vu la succession de plusieurs civilisations sur cette région, à compter de l’époque punique en passant par celle romaine”.
Le site qui s’étend sur un plateau de 8 hectares avait été un refuge pour le Roi numide “Jugurtha”, originaire de Cirta, l’actuelle ville de Constantine en Algérie, fuyant les romains durant la guerre qui l’avait opposé à Rome, a-t-il encore précisé.
Située à 4 km de Kalaat Senan, la Table de Jugurtha est considérée selon les spécialistes comme “une curieuse montagne de forme tabulaire et une véritable forteresse naturelle entourée de falaises qui, tombant à pic, ont fait de ce lieu un refuge idéal pour échapper à l’ennemi. Son accès n’est possible que par la face Nord, par un chemin étroit, creusé dans une faille. Des traces de sabots sont encore visibles sur les pierres”.
Le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, a rappelé l’importance historique et civilisationnelle du site avec “toute la symbolique qu’il constituait à travers les époques et qui pourrait également constituer un élément d’attraction touristique pour la région”.
“La volonté d’inscrire la table de Jugurtha sur le liste du patrimoine mondial témoigne de cette importance et reconnait la place du site dans les différentes composantes civilisationnelles de l’histoire de la Tunisie et une interaction avec l’environnement direct de la région et avec ses voisins en Algérie”.
Le ministre a relevé l’importance qu’accorde la Tunisie au patrimoine matériel et immatériel, disant que le pays œuvre à inscrire d’autres sites sur la liste du patrimoine mondial, à l’instar de Chott Djérid et les ksours sahraouis de Tataouine, rappelant qu’un atelier régional sur le processus de proposition d’inscription de sites culturels sur la liste du patrimoine mondial se tiendra à Djerba (du 11 au 15 septembre 2017).
Récemment, une demande d’inscription de la synagogue de la Ghriba, d’une ancienne mosquée ainsi que d’une église de l’île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO a été déposée. Pour rappel, 12 sites tunisiens sont inscrits sur la liste préliminaire de l’Unesco. Cependant, depuis plus de 20 ans, aucun site ou monument tunisien n’a été inscrit sur la liste définitive du patrimoine mondial de l’Unesco.