Le remaniement ministériel dans le gouvernement “d’union nationale” conduit par Youssef Chahed est devenu impératif après les vacances enregistrés dans les portefeuilles ministériels importants.
Le chef du gouvernement Youssef Chahed l’a d’ailleurs affirmé dans une déclaration aux médias ce mardi, indiquant que l’heure est venue pour effectuer un remaniement ministériel, sans donner plus de détails sur sa nature et ses limites, probablement en prévision des concertations politiques à engager qui pourraient être difficiles et laborieuses face aux positions différentes et aux enjeux divergents.
A l’évidence, la démission inattendue du ministre du développement et de la coopération internationale et ministre des finances par intérim, Fadhel Abdelkefi, le 18 août courant, sur fond d’un procès dont il fait l’objet, a accéléré le processus de remaniement ministériel.
Le nombre des portefeuilles ministériels clés vacants ayant augmenté après l’éviction de Néji Jelloul en avril dernier du ministère de l’éducation et son remplacement par intérim par l’actuel ministre de l’enseignement supérieur Slim Khalbous, outre la démission de la ministre des finances, Lamia Zribi et son remplacement par intérim par Fadhel Abdelkefi.
Face à cette situation et à la conjoncture économique et sociale difficile du pays, plusieurs composantes politiques ont jugé qu’un remaniement ministériel est nécessaire.
Seulement les points de vue sur la nature et la forme de ce remaniement divergent entre ceux qui proposent un remaniement partiel ou la désignation de ministres dans les portefeuilles vacants, ceux qui privilégient un gouvernement d’obédience partisane reflétant les résultats des élections de 2014 ou encore ceux qui vont jusqu’à proposer des élections législatives anticipées.
Ainsi, le dirigeant du mouvement Nidaa Tounes, Khaled Chaouket insiste sur la nécessité de former un gouvernement reflétant les résultats des élections de 2014.
Pour lui, un gouvernement ne peut pas réussir s’il n’exprime pas les résultats du scrutin. “Je demande encore une fois à restituer le pouvoir à ceux en qui le peuple tunisien a placé sa confiance. Tout autre choix ne peut que perdurer la crise et serait une perte de temps”, a-t-il jugé.
Le porte-parole du mouvement Ennahdha Imed Khemiri considère, pour sa part, que le remaniement ministériel relève des prérogatives constitutionnelles du chef du gouvernement. Youssef Chahed doit, cependant, consulter les composantes de la coalition au pouvoir et se référer au document de Carthage, a insisté Khemiri rappelant que Chahed dirige un cabinet d’union nationale.
Il a souligné l’urgence d’entamer les concertations au regard de l’importance des ministères vacants, mettant l’accent sur le besoin d’une évaluation globale du rendement de l’action gouvernementale actuelle.
Le mouvement Ennahdha qui continue à soutenir le gouvernement Chahed estime que “tout remaniement doit tenir compte des engagements contenus dans le Document de Carthage”, a-t-il insisté.
Le porte-parole de Machrou Tounes Hassouna Nasfi, estime, quant à lui, que le remaniement ministériel “est une question pressante” pour sortir de la crise économique, financière et sociale difficile que vit le pays.
Il a recommandé de doter le gouvernement Chahed de compétences indépendantes capables de faire prévaloir l’intérêt général.
Les ministres appartenant à des partis politiques sont à l’origine de la crise que connait le pays, selon Hassouna Nasfi qui a déploré “les pressions” subies par le chef du gouvernement de la part de certains membres de la coalition au pouvoir pour “soumettre le remaniement ministériel attendu à la logique des quotas partisans”.
Pour le secrétaire général d’Al Joumhouri Issam Chebbi, “le chef du gouvernement doit s’imposer comme seul capitaine à bord”. “Il doit saisir l’occasion pour annoncer un deuxième gouvernement plus fort et plus solide, dans le respect et la continuité du Document de Carthage”, a-t-il suggéré.
Le remaniement ministériel prévu doit donner un nouvel élan à l’action gouvernementale et redonner confiance en la classe politique plutôt que de se contenter de combler des postes vacants, a ajouté le SG d’Al Joumhouri.
Selon le dirigeant du Front populaire Zied Lakhdhar le gouvernement Chahed est le gouvernement “le plus faible” qu’a connu le pays après 2011. Un gouvernement qui a-t-il expliqué, fait face à de nombreux défis, en l’absence d’un réel soutien politique.
Pour lui, “la solution consiste à convoquer des élections législatives anticipées”.
Le gouvernement Chahed, issu du Document de Carthage qui a été signé par plusieurs partis et organisations nationales est entré en fonction depuis près d’une année après le vote de confiance au parlement le 26 août 2016.
Après deux mois, Youssef Chahed a démis de ses fonctions le ministre des Affaires religieuses Abdeljalil Salem “pour non-respect des règles de l’action gouvernementale et atteinte aux principes et constantes de la diplomatie tunisienne”.
Le 25 février 2017, le ministre de la fonction publique Abid Briki est relevé de ses fonctions, suivi, le 30 avril du ministre de l’éducation nationale et de la ministre des finances. Ces deux derniers ont été remplacés par intérim.