Car comme à chaque jour une lueur pénètre les nuages et un rayon de soleil fait naître une nouvelle vie sur terre…à chaque époque aussi des voix libres se lèvent donnant la voix à ceux qui n’en ont pas. Quand le rêve de la liberté devient réalité ou que la liberté peine à satisfaire nos rêves survient une voix de nulle part pour chanter nos rêves et nos espoirs.
Amel Mathlouthi, celle qui chantait sur les places publiques de Tunis en milieu de l’effervescence révolutionnaire de 2011 est de retour. Elle était là à Carthage, samedi soir, pour reprendre des mots qui ont fasciné le monde et rappeler des valeurs qui ont et continuent d’ériger le renouveau de ce pays, seul rescapé, sans grands dégâts, du printemps arabe.
“Kelmti Horra” est le mot de début et le mot de la fin pour elle comme pour tous les Tunisiens et les peuples aspirant à la liberté et à une vie digne. La poésie du verbe et l’élégance des mouvements et l’éloquence de l’artiste rappellent l’engagement de Marcel Khalifa et la douceur de Fayrouz, le tout avec une dose de jouvence dans sa présence sur scène assimilée à celle de l’américaine Emy Lee du groupe Evanescence.
Pour sa première montée sur la scène du théâtre romain de Carthage, Amel Mathlouthi était au summum de l’ivresse tel l’intitulé de son spectacle. Vêtue d’une robe blanche, seul bijou qu’elle portait est sa voix sublime. Une voix, telle une bougie dans les ténèbres qui guide vers le salut. “Je suis perdue en chaque pas je fais, mon pas me fuit en chaque mot je dis, les mots me fuient..” Chaque fois quelle chante, une force divine traverse l’espace de sa voix forte, douce et profonde.
Emportée par les reliefs de sa tenue aux couleurs de la paix qu’elle chantait, elle a emporté son public par ses mots jusqu’à se perdre dans sa quête de l’être et de l’univers si grand et injuste qu’elle condamne dans une poésie simple et profonde…le tout par des paroles qui éteignent la soif que chacun traverse en ces temps difficiles de perte de repères, d’intégrité et d’amour propre.
Dans une ambiance sobre et sous une lumière tamisée, son chant captive l’ouïe et les esprits. Avec elle, une nouvelle étoile est née sous le ciel étoilé de Carthage. Certains diraient même qu’elle aurait tardé à venir et Amel Mathlouthi a donné la preuve qu’elle est l’une des voix libres des temps modernes où l’art est devenu objet de surenchère. Qu’elle chante en anglais, dialectal tunisien ou arabe littéraire, le message est toujours le même et l’admiration était au summum.