“La violence exercée sur la femme a des répercussions négatives sur sa santé, son bien-être et son travail” ont souligné les participants à une conférence organisée, lundi, à l’espace 13 août à Tunis à l’initiative de l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT).
Les participants, dont la grande majorité sont des femmes, ont exprimé leur satisfaction de l’adoption, le 26 juillet 2017, par l’assemblée des représentants du peuple (ARP) de la loi intégrale sur la violence à l’égard des femmes et de l’amendement du code pénal, appelant toutefois à mettre en œuvre dans les plus brefs délais tous les mécanismes de prévention et de lutte contre la violence à l’égard des femmes énoncés dans cette nouvelle loi.
“La reconnaissance, par le législateur, du statut de femme-victime est en effet une grande avancée et un acquis important”, a estimé Me. Anissa Tabaï, avocate à la cour de cassation et activiste.
Selon l’intervenante, cette reconnaissance démontre un changement au niveau des mentalités.
“Cette loi a aussi élargi les domaines d’intervention dans les espaces publics et dans le milieu socioéconomique afin de garantir une meilleure prévention de la violence contre la femme”, a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, Me. Tabaï a souligné l’importance de mettre en œuvre très rapidement les mécanismes stipulées dans la nouvelle loi tel que la formation des juges et des agents de sécurité dans les postes de police pour assurer une meilleure prise en charge des dossiers de violence basée sur le genre.
De son côté, Khadija Ben Hassine, professeur universitaire de philosophie et anthropologie a mis l’accent sur la nécessité de veiller sur la mise en œuvre des textes juridiques, indiquant, à cet égard, que plusieurs lois relatives aux droits des femmes ne sont pas respectées.
“La femme est victime de plusieurs formes de violence psychique, sexuelle, économique, sociale, politique et autre. Elle subit la pression et intériorise la discrimination”, a-t-elle dit.
Pour sa part, Habib Louhichi, psychothérapeute a souligné que les différentes formes de violence exercées sur la femme ont des répercussions négatives directes sur son rendement au travail, sur ses rapports avec la famille mais surtout sur sa santé physique et mentale.
Dans ce contexte, l’intervenant a souligné l’importance de travailler sur le changement des mentalités et des comportements qui sont le résultat des préjugés et de la culture sociale.
“Il convient de renforcer la sensibilisation et la formation pour changer les mentalités et transformer les actes de violence en attitudes positives et en communications”, a-t-il dit.
Pour sa part, Radhia Jerbi, présidente de l’UNFT a souligné que l’adoption de la loi intégrale sur la violence à l’égard des femmes est un important acquis pour la femme tunisienne mais aussi pour toute la famille.
“Cette loi consacre la dignité de la femme et renforce son droit à vivre en paix et à l’abri de la violence”, a-t-elle indiqué, estimant que la violence s’est fortement développée en Tunisie notamment après la révolution.
Radhia Jerbi a rappelé que les données statistiques au titre de 2016 ont révélé que 49,7% des femmes ont été victimes, au moins une fois dans leur vie, d’une forme de violence. Il s’agit, d’un pourcentage révélateur qui ne reflète pas tout à fait la réalité puisque nombreuses sont les femmes qui refusent de s’exprimer et de dénoncer les actes de violence, notamment en milieu conjugal, a-t-elle dit.