Azza Besbes, médaillée d’argent en championnat du monde d’escrime (sabre) organisée à Leipzig, une première pour une escrimeuse arabe et africaine, a souligné que “cette performance est le fruit d’un travail de grande haleine mais ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt”.
Lors d’une conférence de presse tenue vendredi à Tunis et marquée par une forte tension entre l’athlète, d’une part, la fédération tunisienne d’escrime (FTE) et le ministère de tutelle, Besbes a remercie tout le staff technique et médical ainsi que sa famille “pour le soutien et l’encadrement au cours de cette compétition” qui l’ont aidé à réussir cette performance.
Azza Besbes a atteint la finale du championnat du monde où elle a été battue par l’Ukrainienne Olga Kharlane (15-5).
“Ce n’est pas facile de garder votre concentration dans une compétition disputée toute la journée, de 9h00 avec les éliminatoires jusqu’à 19h00 lors des ultimes tours, outre la forte chaleur en salle, mais j’ai pu garder ma concentration mentale et mon sang froid pour surmonter les moments critiques sur la voie du podium”, a-t-elle souligné.
Elle a rappelé notamment l’épisode difficile de la demi-finale face à l’Italienne Irene Vicci où elle était menée (0-8) avant de reprendre le dessus avec brio pour s’imposer par une seule touche (15-14) et décrocher le billet pour la finale.
Besbes a estimé que “le résultat de la finale ne reflète pas le rapport des forces malgré la grande valeur d’Olga Kharlane qui compte de multiples titres mondiaux et olympiques”.
“L’éprouvante demi-finale a influé sur ma forme en finale ce qui a permis à mon adversaire d’imposer son jeu et prendre le dessus dès le début pour éviter le scénario de la demi-finale que j’ai livrée face à l’escrimeuse italienne”, a-t-elle ajouté.
L’athlète tunisienne a affirmé qu’elle tentera de capitaliser cette performance et combler les lacunes afin “d’accomplir d’autres performances ” et consolider son classement mondial”.
Besbes s’est plainte par ailleurs de “l’absence du soutien matériel” de la fédération tunisienne d’escrime et du ministère de la jeunesse et des sports, imputant son absence de la plupart des tournois du circuit de la coupe du monde par manque de préparation.
Elle s’est déclarée également surprise par le fait d’être “écartée” du tournoi de coupe du monde organisée récemment en Tunisie “malgré une correspondance adressée à la fédération pour représenter la Tunisie dans la compétition et être prise en charge par la fédération pour payer la cotisation de participation, alors que nombre d’arbitres et responsables étrangers étaient présents”.
“J’étais bien déçue non seulement de la participation mais également de l’opportunité gâchée par la Tunisie de décrocher une médaille dont j’étais confiante de remporter”, a-t-elle indiquér.
Elle a exprimé aussi son mécontentement de la manière dont procède la fédération pour “promouvoir” ses performances, estimant que cela l’a empêché de conclure des contrats de sponsoring, à l’instar de sa soeur Sarra et son coéquipière en sélection Ines Boubakri.
“Il n’existe pas de plan de communication au sein de la sélection pour promouvoir les performances de ses champions, comme le font les fédérations de tennis, de natation et d’athlétisme bien que l’escrime est représenté par plus d’un athlète au plan international, ce qui pose plus d’une question sur la stratégie de la fédération à cet égard”, a ajouté Besbes.
Elle s’est plainte également de “prime modeste” allouée par le ministère de tutelle qui ne peut lui permettre, à son avis, de prendre part régulièrement aux compétitions internationales et compter sur son entraîneur dés le début de la préparation.
“C’est quand même surprenant que d’une part le ministère de tutelle conclut avec nous des contrats à objectifs dans les compétitions arabes, africaines, méditerranéennes et international et ne nous alloue pas de moyens nécessaires ni les primes à temps, d’autre part”, a-t-elle fait valoir.
De son côté, la présidente de la fédération tunisienne d’escrime, Zaida Doghri, a mis en valeur la performance de Azza Besbes, expliquant que la FTE gère les affaires de l’escrime selon le budget alloué et fait de son mieux pour tenir ses engagements envers les athlètes de la sélection afin de leur offrir les meilleurs conditions de réussite.
Elle a mis l’accent à cet égard sur la nécessité de prospecter d’autres ressources financières supplémentaires pour encadrer les athlètes de niveau international et conclure des contrats de sponsoring avec des entreprises nationales.
La dirigeante de la fédération a quitté d’autre part pour un long moment la conférence de presse, suscitant le mécontentement des journalistes et les deux athlètes de la sélections, les soeurs Azza et Sarra Besbes.