Samia Abbou, figure marquante du parti du courant démocratique et députée à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a estimé que “la loi de réconciliation économique et financière est une loi qui sert des intérêts (particuliers) et vise à contourner la révolution et la justice transitionnelle ainsi qu’à blanchir et protéger la corruption”.
“Cette loi ne passera pas”, a-t-elle lancée, lors d’un meeting samedi à Sfax sous le slogan “Les responsables du pays, des protecteurs de la corruption”.
Au sujet de ses déclarations selon lesquelles “le président de la république a pas montré dans son dernier discours qu’il n’est pas le président du peuple tunisien mais le président d’une mafia et d’opportunistes qui pillent les richesses du pays”, Abbou a estimé que “le président de la république s’est positionné comme président d’une frange étroite d’opportunistes, mafieux et corrompus, usant de toutes ses prérogatives constitutionnelles, morales et légales pour la protéger”.
“Ce n’est pas là une insulte mais une illustration d’un état de fait”, a-t-elle ajouté.
Abbou a appelé d’autre part le président de l’Instance Supérieure Indépendants pour les Elections (ISIE) Chafik Sarsar à revenir sur sa démission ainsi que celle des deux autres membres Lamia Zargouni et Mourad Ben Moulla. Elle a proposé d’autre part la constitution d’une commission d’enquête sur le piratage du système informatique et des e-mails des membres de l’instance.
“La justice transitionnelle et l’ISIE sont deux lignes rouges qu’il est interdit de franchir”, a-t-elle averti.
Le meeting de Sfax fait partie d’une série de campagnes du parti du courant démocratique pour expliquer sa position sur le projet de loi de réconciliation économique et financière, initié par le président de la république et pour lequel il oppose un rejet total. Il coïncide aussi avec la marche organisée lundi dans l’avenue Habib Bourguiba de Tunisie par des composantes de la société civile et des courants politiques opposés à ce projet de loi.
L’avocat et membre de Nida Tounes, Wissem Saidi, avait annoncé jeudi le dépôt d’une plainte par un collectif d’avocats auprès du tribunal militaire contre la députée Samia Abbou pour “insulte et attribution de faits inexacts au président de la république Beji Caid Essebsi, chef suprême des forces armées” pour l’avoir traité de “chef de mafia”, rappelle-t-on.
Abbou a déclaré de son côté qu’elle ne s’attache pas à son immunité parlementaire dans le cadre de cette plainte déposée à son encontre.