La mise en place d’une stratégie pour la construction d’un discours religieux alternatif s’impose, a annoncé, mardi, le président de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), Hatem Ben Salem.
Dans le cadre de l’étude sur le phénomène des terroristes tunisiens à l’étranger élaborée par l’ITES, Hatem Ben Salem a expliqué, en marge d’une journée d’étude sur le discours religieux alternatif, organisé mardi à Tunis, que l’Institut a formé une équipe d’investigation multidisciplinaire pour étudier le comportement des terroristes revenant de l’étranger.
” La question de départ était : Comment un jeune a-t-il pu changer sa manière de penser ou d’agir de manière radicale “, a indiqué Hatem Ben Salem qui a précisé que les résultats de cette recherche vont être publiés au mois de septembre.
Les résultats de l’étude bientôt devant le Conseil de sécurité de l’ONU Cette étude qui s’est fixée pour objectif d’étudier les jeunes, catégorie la plus ciblée par l’embrigadement, les motifs derrière leur départ, les responsables de leur embrigadement ainsi que les moyens capables de remédier à ce phénomène, sera présentée devant le prochain conseil de sécurité de l’ONU.
Selon Hatem Ben Salem, les Pays-Bas qui financent ce projet et qui présideront le prochain conseil de la sécurité ont invité l’ITES à présenter les résultats de cette recherche devant les membres du conseil.
En cette première étape, l’équipe va tenter de comprendre le discours extrémiste et d’examiner les moyens d’y faire face et d’y remédier. ” L’objectif est d’évaluer le degré de cette menace terroriste, en étudiant les profils, les motivations, les discours, les comportements et le processus d’embrigadement et d’enrôlement “, a expliqué Fakhreddine Louati, responsable de l’étude au sein de l’ITES.
Selon lui, cette journée d’étude, organisée par l’ITES et le ministère des Affaires religieuses, sera consacrée au discours religieux alternatif et aux moyens de lutte contre l’extrémisme religieux en Tunisie.
” Une délégation d’experts a visité les prisons tunisiennes et rencontré ces jeunes de retour des zones de conflit “, a-t-il révélé dans une déclaration aux médias.
Et d’ajouter : ” des rencontres individuelles et de groupes ont été organisées avec ces prisonniers revenant des zones de conflits, mais aussi avec les condamnés dans des affaires terroristes “.
Selon Fakhreddine Louati, le premier constat de cette recherche est ” l’impact visible du discours religieux sur les jeunes tunisiens qui ont rejoint les zones de conflit ou les organisations terroristes “.
” C’est ainsi que l’idée de mettre en place une stratégie pour remédier à ce discours religieux extrémiste s’est imposée. Cette journée d’étude a pour objectif de mettre en place les priorités de cette stratégie et les moyens de construire un discours religieux alternatif “, a ajouté Louati.
Les priorités actuelles de l’Institut sont, selon Louati, la définition des termes religieux, l’imaginaire populaire et le discours religieux, le système éducatif, les établissements religieux, le discours religieux adressé à la femme et aux jeunes ainsi que les moyens de communication.
Une stratégie axée sur des moyens développés de communication ” Il est temps de trouver de nouveaux moyens de lutter contre ce phénomène “, a lancé, pour sa part, le ministre des Affaires religieuses Ahmed Adhoum.
D’après lui, la Tunisie a, plus que jamais, besoin d’un plan d’action urgent et rapide pour riposter. ” Ce discours des extrémistes a trouvé son chemin rapidement vers les jeunes tunisiens grâce à des moyens de communication qui utilisent les nouvelles technologies développées. C’est pourquoi, le ministère doit préparer une stratégie à double dimension : la forme et le contenu, a souligné le ministre.
” Sur le plan de la forme, nous avons besoin d’un plan d’action qui se base sur des moyens de communication développés. Sur le plan du contenu, nous avons besoin de retourner à notre école tunisienne malikite qui est une école basée sur la raison et sur des idées illuminées “, a-t-il expliqué.
Selon Adhoum, son département va établir un diagnostic, en urgence, du phénomène de l’extrémisme en collaboration avec toutes les parties concernées. ” C’est après le diagnostic basé sur une approche participative que nous mettrons en place une stratégie “, a-t-il insisté.
Le ministre des Affaires religieuses a indiqué que le ministère n’a pas encore achevé son plan d’action de lutte contre le terrorisme, qui, selon lui, demeure aux premières étapes.
Néanmoins, après une série de rencontres avec les différentes parties concernées, les grandes lignes de ce plan seraient bientôt définies, a-t-il ajouté.
Dans une interview accordée, en janvier dernier, à la TAP, Hatem Ben Salem a indiqué que l’étude préparée par l’ITES sur le phénomène des terroristes tunisiens à l’étranger présentera, également, des propositions dans le cadre de la prévention.
” Nous allons organiser des workshops avec des imams et accueilleront des spécialistes étrangers qui exposeront leurs points de vue sur le sujet. Des spécialistes français viendront bientôt pour discuter de ce phénomène”, a déclaré Hatem Ben Salem.
L’étude qui se propose de s’attaquer au phénomène sous ses différents aspects sera présentée au gouvernement d’ici septembre prochain.
L’ITES, organisme relevant de la présidence de la République, a été chargé d’élaborer une étude sur le phénomène des terroristes tunisiens à l’étranger. L’objectif est d’évaluer le degré de cette menace terroriste, en étudiant les profils, les motivations, les discours, les comportements et le processus d’embrigadement et d’enrôlement.