Dans le cadre de la 21ème édition des Rencontres des créatrices arabes de Sousse placée sous le signe “La créatrice arabe et l’industrie du cinéma”, la grande actrice égyptienne Samiha Ayoub (85 ans) a parlé de sa longue et riche expérience dans le cinéma bien qu’elle ne cache pas une préférence prononcée pour le théâtre.
Evoquant ses débuts dans le cinéma, Samiha Ayoub a évoqué la grande réticence de son père qui n’était pas du tout d’accord “Je dois mon entrée dans le monde de l’art à mon oncle maternel qui avait fait des études à la Sorbonne. C’est lui qui m’a encouragée et qui a fait pression sur mon père afin qu’il assouplisse sa position”.
L’actrice égyptienne a avoué qu’elle avait travaillé dans le cinéma à ses débuts pour pouvoir financer ses créations théâtrales. Avant d’ajouter: “à mes débuts au cinéma, les cinéastes m’ont cantonnée dans les rôles de la femme inique et coquine alors que ceci était à mille lieues de ma vraie personnalité ou de ma vision de ce que je voulais incarner. C’était un cinéma léger et commercial”.
Elle a parlé par la suite de l’âge d’or du cinéma égyptien de qualité “Après la révolution de 1952, l’Etat est devenu un acteur principal dans le financement du cinéma ce qui a permis de produire des films très profonds et à haute valeur artistique et culturelle à l’image de “La caille et l’automne” (Al Samman wal kharif) en 1967 et “Quelque chose de la peur” (Shey Min El Khouf) en 1969. Avant de tomber dans la médiocrité du temps d’Anouar Sadat avec des films purement commerciaux en adéquation avec la politique d’ouverture économique libérale de l’époque”.
L’actrice égyptienne a terminé son intervention en expliquant son récent retour au cinéma après 17 ans d’arrêt “Après avoir pris part au film “L’aube de l’islam” (Fajr Al Islâm) en 1971, j’ai pris la décision de me consacrer exclusivement au théâtre”.
Après une coupure de 17 ans au cours de laquelle elle refusait toutes les propositions, elle a été convaincue, précise-t-elle, par le jeune cinéaste Sameh Abdelaziz qui a réalisé “Le mariage” (El Farah) en 2009, pour revenir sur le grand écran avec dans la comédie sociale “Terrible grand-maman” (Téta Rahiba) en 2012 aux côtés du comédien Mohamed Hanidi. Un film qui lui permis de toucher de nouveaux publics.
Il est à rappeler que la Rencontre des créatrices arabes qui se tient du 20 au 22 avril 2017 a été fondée en 1996 en vue de donner une tribune aux productions des femmes dans tous les domaines de la création et de faciliter l’échange d’expériences entre les créatrices arabes.
Les précédentes sessions ont traité des thèmes dans des domaines aussi divers que la science, les arts, les lettres, les médias avec un penchant pour les dernières sessions à l’interaction de la femme arabe avec les profonds changements sociaux et politiques suscités par les récentes révolutions…