Des dizaines de militantes de l’Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNFT) se sont rassemblées, jeudi matin, devant le tribunal de Tunis pour revendiquer la revalorisation du rôle de la première organisation féminine en Tunisie fondée en 1956.
Les manifestantes, venues des différentes régions du pays, ont scandé des slogans appelant à stopper la marginalisation de l’organisation féminine et à arrêter toutes les tentatives visant à l’assujettir depuis la révolution du 14 janvier 2011 à ce jour.
Elles ont aussi appelé le gouvernement et le Président de la République à agir d’urgence pour débourser la subvention annuelle de l’UNFT au titre de l’année 2017 consacrée à la rémunération des employés de l’organisation.
” C’est désolant et honteux que les employés d’une organisation aussi importante ne soient pas rémunérés “, dénonce Fathia Haddar, déléguée régionale de l’UNFT à l’Ariana.
” L’UNFT a depuis l’indépendance milité pour défendre les droits de la femme dans toutes les régions et même dans les zones rurales “, poursuit-elle dans une déclaration à l’agence TAP.
L’intervenante a rappelé que l’organisation a travaillé depuis des années sur le planning familial, l’alphabétisation, la formation des jeunes filles et continue encore à le faire a-t-elle dit, dans l’objectif de promouvoir les conditions de la femme et de la famille.
D’après Rafiâa Jradi, déléguée régionale de l’UNFT à Gabès, la marginalisation de l’UNFT est voulue. ” C’est une question politique “, a-t-elle ajouté, estimant que dans plusieurs régions du pays on continue à marginaliser le rôle de la femme et c’est pour cette raison que l’UNFT est attaquée.
” Mais on résistera et on ne va pas se laisser faire ! La femme est la moitié de la société et en renforçant ses droits le pays avancera aussi à pas sûrs “, a-t-elle dit.
Assistant au sit-in pour soutenir les militantes de l’UNFT, le politicien Tahar Ben Hassine a dénoncé dans une déclaration à l’agence TAP, le mutisme des différents partis politiques qui restent immobiles face à l’attaque insensée qui cible la première organisation féminine du pays.
Selon Ben Hassine l’objectif est de détruire cette organisation pour mettre la main dessus.
Elue depuis février 2013 à la tête de l’UNFT suite à un congrès extraordinaire organisé après la révolution, Radhia Jerbi continue de se battre pour défendre la survie de l’organisation féminine et revaloriser son rôle.
Dans une déclaration à l’agence TAP, elle a souligné qu’en 2010, l’UNFT comptait 180 mille adhérentes contre 30 mille seulement aujourd’hui.
Et de poursuivre ” l’UNFT est en train d’être marginalisée et attaquée par tous les moyens et ce depuis la révolution à ce jour. L’objectif étant d’avoir la mainmise sur l’organisation et de l’assujettir “.
” On veut nous empêcher de travailler par tous les moyens. Nous sommes pourtant une organisation indépendante qui a toujours milité pour le pays “, insiste-t-elle.
Jerbi a déclaré que son unique souhait est de pouvoir organiser le 13 août prochain le congrès de l’UNFT dans de bonnes conditions avec la participation de toutes les Tunisiennes quelles que soient leurs appartenances.
” J’ai fait ce que j’ai pu pour rétablir la position de l’UNFT, maintenant je compte laisser ma place à une autre personne “, indique-t-elle.
L’intervenante a signalé que l’UNFT devrait percevoir chaque année une subvention d’un million 100 mille dinars alors qu’en 2012 et 2013 elle n’a rien reçu, en 2014 elle a n’a obtenu que 350mille dinars, en 2015 une somme de 850 mille dinars lui a été attribuée, en 2016 l’organisation a eu la chance d’obtenir la totalité de la subvention alors qu’en 2017 elle n’a encore rien perçu.
” Ces difficultés financières ont fait que nous n’arrivons à verser que de petites avances sur salaires aux employés chaque mois puisque nous sommes incapables de leur donner le montant total “, explique-t-elle, faisant remarquer qu’en 2013, l’UNFT était déjà endettée à la CNSS d’une somme d’environ 600 mille dinars.
” Au début de notre mandat la situation était très difficile à gérer puisque nous n’avons pas trouvé une comptabilité claire ni les documents financiers et comptables de 2011 2012 et 2013 qui ont été volés et il était donc très difficile de rétablir une comptabilité fiable, juste et continue “, a-t-elle dit, ajoutant que la comptabilité de l’organisation est aujourd’hui contrôlée par un commissaire au compte et elle est auditée et déposée chaque année à la cour des comptes.
Radhia Jerbi a signalé que l’UNFT a déposé pas mal de plaintes contre des anciennes dirigeantes de l’organisation féminine et selon les experts qui ont été nommés par le tribunal, une somme de plus de 575 mille dinars a été détournée.