Une étude sur la participation politique des électeurs, réalisée sur un échantillon de 1008 personnes, vient de révéler qu’environ 80% du total de la population analphabète, estimée à 20%, ont l’intention de participer aux prochaines élections municipales prévues en décembre 2017.
Présentant les résultats de cette étude réalisée par la Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES) en partenariat avec le ministère des Affaires Sociales, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), et menée par le bureau One to One for Research and Polling, Youssef Meddeb, directeur général du bureau a indiqué mardi que la participation des jeunes aux élections demeurera faible puisque 26,2 seulement de la frange d’âge 18-34 ont déclaré leur intention de participer aux prochaines élections.
La même étude révèle, toutefois, que plus de 97% de la population interrogée a répondu n’avoir pas du tout ou très peu d’informations sur les prochaines élections.
Réalisée du 10 décembre 2016 au 01 janvier 2017, l’étude a ciblé les analphabètes tunisiens des 24 gouvernorats du pays âgés de 18 ans et plus dont 45,6% issus du milieu urbain et 54,4% du milieu rural.
” Il s’agit de la première étude de ce genre menée en Tunisie et au Maghreb “, a estimé Nicolas Kaczorowski, directeur pays IFES.
” L’étude vise à mieux comprendre le niveau de participation et d’engagement des personnes analphabètes, qui représentent 20% du corps électoral, dans la vie politique et dans les élections “, a-t-il dit.
L’intervenant a ajouté que les résultats de l’enquête serviront de fondation au développement d’une stratégie de sensibilisation et permettront de proposer des campagnes d’information ciblées qui encourageront les électeurs analphabètes à s’inscrire et à participer aux prochains scrutins.
Dans ce contexte, l’étude a démontré par exemple que 27.7% des personnes interrogées déclarent ne pas être inscrites sur les listes électorales et 13.3% disent ne pas se souvenir.
Près de la moitié des personnes interrogées (47.1%) pense que le pays se dirige dans la mauvaise direction. Ce sont les jeunes analphabètes âgés de 18-34 ans qui sont les plus pessimistes (68.7%). En dépit d’une perception dégradée de la situation en Tunisie, la population analphabète demeure plus optimiste que l’ensemble de la population tunisienne.
Ce constat se retrouve au niveau du jugement sur la situation politique. Tandis que 40.8% des citoyens analphabètes expriment un jugement positif sur la situation politique, 49.8% se déclarent ” très insatisfaits ” ou ” insatisfaits ” alors que le taux d’insatisfaction est de 73% chez les citoyens tunisiens en âge de voter.
L’étude a aussi révélé que 79% des sondés confirment que ” la politique est tellement compliquée qu’ils n’arrivent pas à comprendre ce qui se passe “. Ils se disent aussi très désintéressés par la politique.
58.5% des électeurs analphabètes ne se sentent pas impliqués dans la vie politique.
D’après la même source, l’indifférence à la politique et aux élections vient en tête des freins à l’inscription (12.6 %) alors que 19.3% des répondants ont dit ne pas avoir été informés ou bien ne pas avoir reçu de convocation (comme dans l’ancien système).
Pour encourager davantage les personnes analphabètes à s’engager et à participer aux affaires publiques, l’étude recommande de multiplier les campagnes de sensibilisation et d’information qui expliqueront ce qu’est la démocratie, les droits, les responsabilités et le rôle des citoyens dans la nouvelle Tunisie démocratique.
De son côté, Chafik Sarsar, président de l’ISIE a souligné l’importance de trouver les moyens nécessaires pour faciliter l’intégration des 1,7 millions de Tunisiens analphabètes à la vie politique.
” Ces électeurs analphabètes représentent un poids électoral significatif puisque plus de 98% d’entre eux sont en âge de voter “, a-t-il dit.
A noter que l’Institut National de la statistique et l’UNESCO définissent l’analphabète toute personne incapable de lire et d’écrire dans l’une des langues.