L’association “I watch” a indiqué avoir été “profondement choqué” par les fuites attribuées au directeur de la chaîne télé Nesma, Nabil Karoui, qu’elle a qualifiées de d’ “incitation à l’encontre des membres de l’association”.
Un enregistrement audio attribué à Nabil Karoui a été diffusé dimanche sur les réseaux sociaux dans lequel le patron de la chaîné privée parle du “lancement d’une campagne de dénigrement contre I Watch sur la chaîne Nesma”.
L’association a interpelé l’Etat dans un communiqué rendu public lundi sur sa position à l’égard de ces évènements et à l’égard “de tous procès contre les sociétés Nesma soupçonnées de corruption et d’évasion fiscale” révélés par I Watch dans un rapport du 10 juillet 2016 intitulé “le réseau Nesma: ce que cache la chaîne des deux frères Karoui”.
S’interrogeant sur le rôle et le pouvoir de la justice en Tunisie aujourd’hui, l’association s’est interrogée également pourquoi “le ministère public se tient les mains croisés face à des accusations claires de trahison, de clientélisme, de menaces, de diffamation et d’atteinte à l’honneur”.
Il Watch s’est interrogé également sur “la capacité de la Haute Autorité Indépendance de la Communication Audiovisuelle (HAICA) à mettre fin à ces délits médiatiques et son pouvoir à faire appliquer les décisions judiciaires”. Elle estime qu’il “est du devoir du Syndicat National des Journalistes Tunisiens de prendre position à l’endroit des journalistes mercenaires se portant volontaires pour accomplir des missions abjectes”.
“Le danger de telles fuites ne réside pas dans la basse moralité et les modes d’action barbares, mais dans les messages qu’elles véhiculent, dont la mise en doute du patriotisme des membres de l’associations, les accusations de trahison à leur encontre, le chantage des journalistes, l’insouciance à l’égard de la justice ainsi que l’appel à la diffamation, le dénigrement des membres de l’organisation et l’atteinte à l’honneur de leurs familles et proches”, ajoute le communiqué.
L’organisation Al Bawsala, a fustigé également “l’attaque flagrante des membres de l’association I Watch et de l’association en tant que telle, véhiculée par l’enregistrement, ainsi que l’atteinte à la vie personnelle, la diffamation, les accusations de suppôts, de traitrise, d’espionnage et les contre-vérités à l’égard de l’opinion publique”.
“L’attaque contre I Watch est une agression envers tout citoyen qui a le droit de faire partie d’une association sans faire l’objet de menace ou de dénigrement pour l’activité qu’il mène et ses idées ou l’exploitation et l’atteinte à la vie privée des membres de sa famille”, souligne Al Bawsala.
Elle estime que “cette fuite indique clairement que des campagnes méthodiques ciblent les associations nationales durant les six dernières années afin de porter atteinte à l’intégrité de la société civile, faire douter des activités qu’elles mènent, notamment celles portant sur la transparence et la lutte contre la corruption”.
“Si des actes ne sont pas pris pour faire face à ces pratiques, la porte sera grande ouverte pour encourager tous ceux qui souhaitent opprimer la société civile au sein d’un Etat dont le rôle ne se limite pas à la garantie de la liberté d’action de la société civile mais exige également son ouverture sur toutes les associations”, conclut Al Bawsala.