Une conférence-débat autour du livre ” L’Etat des amateurs ” de l’historien et romancier Fethi Lissir, s’est tenue à la Foire Internationale de Sousse, dans le cadre des activités culturelles de la 4e session du Salon International du Livre de Sousse.
Fethi Lissir, auteur du livre édité en 2016 aux Editions Mohamed Ali, s’est dit conscient de la difficulté du sujet qu’il a choisi de traiter ” Le recul n’est pas assez suffisant pour pouvoir écrire avec aisance l’histoire de l’expérience au pouvoir de la Troïka, mais c’est là justement de défi de la discipline histoire actuelle qui traite des faits récents. C’est une discipline quasi-absente en Tunisie et qui s’est frayé un petit chemin dans les pays de l’orient arabe. “.
Avant d’ajouter qu’il a senti le besoin pressant d’aborder ce sujet ” Ma volonté d’écrire sur cette période émane de ma peur, tout d’abord en tant que citoyen et également en tant qu’historien professionnel, de voir la Tunisie sombrer dans une guerre civile en 2013. En tant qu’historien, qui connait assez bien l’histoire du pays, cette période m’a rappelé la fin de l’année 1955 et le début de l’année 1956 qui a vu les Tunisiens scindés en deux camps entre Bourguibistes et Youssefistes, le pays a frôlé une spirale interminable de violence… Et à travers les âges, les guerres fratricides sont de loin les plus abominables… ”
Par souci de neutralité et de conscience scientifique, Fethi Lissir a affirmé ” J’ai écrit sur une période très difficile à aborder puisque les faits sont encore très brûlants… J’ai pris pour cette raison la ferme décision de ne pas prendre comme source les écrits partisans qui ont pris des positions résolument critiques envers la Troïka. Je n’ai pas donc pris en compte par exemple les écrits de Sadok Belaïd côté laïc ou encore ceux d’Ahmed Mannaï et Sahbi Amri côté islamiste… “. Conforté dans ses positions par d’autres publications postérieures, il renchérit ” Après avoir publié mon livre, j’étais très heureux de voir apparaître des livres sur la même période comme celui d’Aziz Krichène et de Yadh Ben Achour… Le premier a tiré les mêmes conclusions que moi alors que le deuxième était partiellement d’accord avec moi… ”
Défendant la discipline de l’Histoire actuelle, Fethi Lissir cite l’exemple français ” Si vous suivez par exemple le parcours des personnalités présentes au premier tour des élections présidentielles françaises, vous observerez qu’ils ont tous écrit au moins un livre qui explicite clairement leur vision politique et leur analyse de la situation politique qui prévaut en France et dans le monde ” avant de souhaiter un regain de conscience en Tunisie ” Ca m’intéresse en tant qu’historien de voir les hommes politiques tunisiens faire de même. J’aimerai bien lire, entre autres, le témoignage de Hamma Hammami sur la révolution du 14 janvier ainsi que sa vision politique actuelle… ”
Il a clôturé ses propos sur une note d’espoir en parlant de la transition démocratique que vit la Tunisie ” Les Tunisiens sont certes adeptes de l’auto-flagellation mais en observateur avisé je dirai que la Tunisie demeure l’exception dans une région tumultueuse. Nous avons réussi à organiser trois élections aux normes internationales, nous jouissons d’une liberté d’expression sans précédent, nous avons une Constitution avant-gardiste, nous avons un état encore debout en dépit du terrorisme et du ciblage systématique pour l’affaiblir… “