Sur les hauteurs du village de Sidi Bou Said ayant pris les couleurs de la Méditerranée, tous les arts ont été au grand complet jeudi dans différents lieux de cette banlieue nord de Tunis.
Une fête qui a commencé depuis la matinée jusqu’au soir pour célébrer le lancement du Festival des arts de la Méditerranée (FAM) dans une première édition qui se poursuivra pendant quatre jours.
La cérémonie d’ouverture officielle qui s’est déroulée à Dar Zarrouk a été rehaussée de la présence d’ambassadeurs et de représentants du corps diplomatique accrédités en Tunisie notamment du Sénégal, de la Bulgarie, de la Serbie, du Gabon, de la Jordanie et du Cameroun venus soutenir le festival, selon Fethi Abdelmoula, conseiller diplomatique.
Mais cette première édition a été ouverte en l’absence d’officiels tunisiens regrette Samir Turki, fondateur et directeur de cette manifestation qui vise pourtant, a-t-il rappelé à “revaloriser le rôle et la place de Sidi Bou Said en tant que lieu d’attraction culturelle artistique et touristique”.
D’ailleurs plusieurs difficultés se sont posées devant les organisateurs qui déplorent le manque de sponsoring de la part des structures étatiques, “malgré les promesses”, à l’exception d’un partenaire privé (Mercedes Benz) qui s’est associé au festival à la dernière minute.
En dépit d une programmation riche, diversifiée et ambitieuse, le festival n’a pu bénéficier que d’un “faible budget de 10 mille dinars (au lieu des 60 mille dinars estimés)”, en plus de l’appui organisationnel de la municipalité de Sidi Bou Said comme partenaire et de l’association “Mouawatana & Tawassol”.
L’idée du festival, a-t-il mentionné ” est venue à la suite de différents voyages effectués en Europe en empruntant ce concept d’animation culturelle dans les villes qui vise à établir les ponts civilisationnels”.
Des artistes notamment de Tunisie, de France , d’Egypte, du Maroc, de Jordanie et d’Italie sont présents au FEM qui s’articule autour des arts plastiques à la galerie Hédi Turki, arts de la scène et ateliers de peinture les matinées et des conférences pour les après midi.
L’une des participantes, Mariem Triki, artiste plasticienne et céramiste originaire de Sidi Bou Said est très active dans l’encadrement artistique des enfants mais aussi dans leur sensibilisation quant aux questions environnementales. Elle s’occupe du carré des artisans au festival situé dans le jardin à l’entrée du village avec la participation d’une dizaine d’artisans dans le design de produits d’artisanat.
Pour Samira Turki présidente de l’association “Moyawatana & Tawassol”, ce festival veut redorer l’image de Sidi Bou Saïd et remettre au goût du jour son architecture, les arts et la culture en Tunisie et surtout sensibiliser la jeunesse quant à la valeur et l’importance de la pratique des arts. L’objectif étant, a-t-elle mentionné d’en faire un rendez-vous annuel à Sidi Bou Said affichant l’espoir d’élargir ce concept à d’autres régions du pays.
Douze écrivains devront animer les différents cafés de Sidi Bou Said par des conférences, contes et lecture de poésie. La première conférence autour de Sidi Bousaid à l’horizon 2020 était animée par deux universitaires qui ont évoqué la place des arts et les courants artistiques avec les nouvelles tendances plastiques en Tunisie post révolution.
Naceur Ayed universitaire au hub de l’innovation de l’université Esprit de Tunis est revenu sur l’historique, les techniques de mélange des couleurs et la signification du bleu dans les civilisations.
Pour le bleu sur les portes et fenêtres de Sidi Bou Said, il précise que cette couleur a été adoptée dans la peinture de l’architecture du village avec l’arrivée du Baron d’Erlanger qui avait longtemps séjourné dans son palais connu aujourd’hui par Ennejma Ezzahra. Le bleu avait donc pris place dans la décoration de l’architecture du lieu où prédominait le vert, une couleur qui se limite actuellement aux “Zaouias”.
Universitaire spécialiste en chimie douce, il a évoqué un projet en cours de préparation avec la municipalité de Sidi Bou Said autour de l’adoption d’une seule nuance du bleu dans la peinture au village. Ce standard du bleu sera la couleur référentielle utilisée dans l’architecture pour toute la banlieue en développant la peinture avec des matières picturales naturelles résistantes aux effets climatiques et qui respectent l’environnement. Il s’agit d’établir une norme authentique du bleu de Sidi Bou Said (proche du bleu de facebook) où le bleu dominant actuellement celui de byzance.
Un tour a été organisée à l’honneur des diplomates présents qui ont pu monter jusqu’en haut de la colline de Sidi Bou Said où se trouve un arbre vieux de centaines d’années. Cet arbre “mort” devra être transformé par le sculpteur Ajmi Youness en une forme d’art à travers la réalisation d’une fresque qui raconte l’héritage civilisationnel de la Tunisie.