La réforme du système de sécurité sociale et le sauvetage des caisses sociales de la faillite nécessitent une batterie de mesures complémentaires et indissociables, ont affirmé les intervenants à la rencontre organisée lundi à Tunis sur “la réforme de la sécurité sociale en Tunisie: enjeux et solutions”.
Le directeur général de la sécurité sociale, Kamel Madouri, a indiqué que la situation comptable des caisses sociales exige une intervention rapide afin de trouver des solutions radicales à la crise qui les secoue depuis plusieurs années.
Hafedh Amouri, vice-président de l’association tunisienne de droit social et des relations professionnelles a pour sa part estimé que la réforme doit se faire en un seul bloc, contrairement aux réformes antérieures. Il a proposé dans ce sens de passer d’un financement professionnel à un financement mixte qui combine les cotisations professionnelles et les taxes fiscales et parafiscales. Ces dernières seraient alors augmentées de manière à permettre le financement des caisses sociales (taxe de la circulation, tabac et alcool, etc.).
Il a également proposé d’instaurer une taxe sur les produits de consommation importés, particulièrement les produits facultatifs, et une hausse de 2% dans la participation du secteur public à la CNRPS (Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale) qui serait répartie sur l’employeur et les agents. Entre autres mesures, Amouri a recommandé aussi de prolonger l’âge de départ à la retraite, encourager l’investissement générateur d’emploi, intégrer le secteur informel dans le système de sécurité sociale et réduire les pensions de retraire de 90% à 80%.
Amouri a par ailleurs mis l’accent sur l’impératif d’intensifier le contrôle et le recouvrement des cotisations ainsi que de mettre en place une structure indépendante en charge des réformes et des mécanismes de suivi et d’évaluation.
“Si le processus de réforme ne démarre pas en 2018, le système de sécurité sociale, dont la CNAM [caisse nationale d’assurance maladie] qui finance les transactions des autres caisses, sera sérieusement menacé d’effondrement et de manière irréversible”, a-t-il prévenu.
Le président de l’UTAP (union tunisienne de l’agriculture et de la pêche), Abdelmajid Zarr a de son côté souligné l’importance de prévoir des mécanismes permettant d’intégrer les catégories hors couverture sociale, rappelant le faible taux d’assurés dans le secteur agricole et halieutique, qui ne dépassent pas les 11%.
Le représentant de l’UGTT (union générale tunisienne du travail) Badr Sallemi a réaffirmé l’attachement de son organisation à ce que la réforme s’opère dans le cadre du dialogue social et du conseil national du dialogue social à naitre.
Le directeur de l’institut supérieur du travail et des études sociales Abdessattar Mouelhi a insisté sur l’importance de conjuguer les résultats de toutes les études menées sur la situation des caisses sociales afin d’en tirer un diagnostic unique et clair permettant d’élaborer un plan de réforme global.
Les travaux de la rencontre se poursuivront mardi et aboutiront sur une série de recommandations qui seront annoncées à la clôture de la rencontre.