A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale du théâtre, le Centre Culturel International de Hammamet (CCIH) donne la part belle de sa programmation printanière à une production dramatique inédite en Tunisie sous la houlette d’un directeur d’acteur de renommée internationale. Fadil Jaf, metteur en scène et universitaire né à Kirkouk en Irak, installé en Suède, est un des hommes de théâtre contemporains les plus connus.
Il a construit sa carrière et doit sa renommée à l’intérêt qu’il accorde à ce qu’il appelle ” la physique du corps “. Fondant son approche de la direction d’acteurs sur les bases de la biomécanique du Russe Vsevolod Emilievitch Meyerhold, il semble endosser l’habit d’un diplomate de l’art dramatique en sillonnant la planète (New York, Saint Petersburg, Londres pour sa propre formation, le reste du monde pour l’enseignement et la direction de stages) et en inculquant sa passion et ses connaissances aux plus jeunes comme aux plus vieux.
Cette semaine, informe un communiqué de presse du Centre culturel international de Hammamet, il s’est installé au CCIH où il dirige un stage au profit d’une dizaine d’étudiants de l’ISAD (Institut Supérieur d’Art Dramatique), le temps d’une résidence artistique dans une sorte d’aventure extraordinaire qui rappelle ” Peter Pan et sa joyeuse bande d’amis, gambadant d’un recoin à l’autre du ” pays imaginaire “.
Durant cette résidence artistique, Fadil Jaf et le groupe d’étudiants de l’ISAD de Tunis ont préparé un spectacle ancré dans le réel tout en venant d’ailleurs. Une pièce issue du répertoire d’un des plus grands dramaturges de tous les temps, traduite en arabe et enfin accessible au public tunisien. Une pièce qui n’a sans doute jamais été représentée devant un public arabophone et qui sonne aujourd’hui comme une urgence salutaire. Cette pièce ” Le Tartuffe ” de Molière, une œuvre universelle à l’ironie mordante qui continue de narguer la bêtise humaine du fond du XVIIe siècle.
Fadil Jaf a su admirablement la mettre en scène pour un public contemporain en mettant à nu l’essentiel et en se libérant de tous les carcans inutiles. Une mise en scène minimaliste, des corps offerts en partage, des phrases électrochocs, un décor à l’image du monde vide de sens dans lequel nous évoluons…Les amateurs du quatrième art et de la culture militante ont donc un rend-vous ce lundi 27 mars 2017 au CCIH à 15h00.