“Depuis plus de 30 ans, le monde arabe vit une régression flagrante du point de vue qualité des programmes culturels et éducatifs ce qui a fait de certains jeunes une proie facile aux pensées obscurantistes et aux mouvements extrémistes qui ne reconnaissent ni l’autre ni la diversité de l’autre” a fait observer le directeur général de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (Alesco), Abdullah Hamad Muhareb, dans un entretien accordé à l’agence TAP et dans lequel il a abordé les défis des politiques culturelles arabes ainsi que le rôle de l’Organisation dans la promotion de la culture et de l’éducation.
Selon lui, face au recul du niveau éducatif et scolaire, les politiques culturelles dans la région arabe se trouvent “incapables de garantir les principaux objectifs du développement, surtout que ces politiques culturelles sont loin de la réalité du citoyen arabe”.
Il ne serait pas étonnant, a-t-il relevé, de voir “cet échec si l’on constate que les stratégies culturelles dans la région sont élaborées par des fonctionnaires de l’Etat et non des intellectuels qui ont leurs visions et approches des besoins du secteur”.
Idem pour les programmes de l’éducation. Selon Dr Muhareb, “l’éducation dans le monde arabe n’est pas inscrite dans les priorités des Etats membres, mêmes les plus riches”.
L’Alecso, a-t-il expliqué, n’est pas en mesure de préparer une vision prospective de l’éducation dès lors que n’importe quel plan de trvail dans ce sens nécessite de connaître l’état des lieux à travers des statistiques crédibles et transparentes, une étape à la suite de laquelle des experts et analystes peuvent mettre en place une feuille de route.
Le directeur de l’Organisation arabe a relevé que la majorité des statistiques présentées par les pays arabes sont erronées dans la mesure où chaque pays veut donner une image positive en dépit des faits réels. Sur ce point, a-t-il précisé, “nous nous trouvons face à de grands défis pour préparer des études et programmes qui concordent avec le vécu du citoyen arabe”.
Par ailleurs, l’Alecso œuvre à “lutter contre l’analphabétisme auprès de l’enfance arabe dans les pays en zones de conflits (Syrie, Yemen etc) où le nombre s’élève, selon un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) à 13,5 millions d’enfants privés de scolarisation”, a précisé Muhareb.
Il a, dans ce sens, mentionné que parmi les projets visant à sauver ces enfants figure le projet de “l’enseignement sous l’occupation”. D’ailleurs, a-t-il ajouté, “nous avons signé la semaine écoulée, un accord de coopération et de partenariat avec “Distance Learning and Training Compagny group” pour la mise en place de certaines activités de l’initiative de l’organisation destinées à la scolarisation des enfants dans les zones de conflits dans le monde arabe”.
En cette conjoncture arabe difficile, la relation du citoyen arabe avec le livre a aussi été touchée dans la région qui enregistre le manque d’engouement des enfants et des jeunes pour la lecture, selon Dr. Muhareb. Il a, à cet égard, souligné la nécessité d’accorder une plus grande importance au rôle de l’éducation, en tant que fédérateur du développement culturel et scientifique et un moyen pour booster l’intérêt des enfants à la lecture, une habitude qui devrait commencer dès le plus jeune âge pour devenir une composante naturelle par la suite à l’école.
Le DG de l’Alecso a souligné que l’Organisation “ne peut à elle seule s’occuper de la culture, sans une réelle volonté et un véritable soutien de la part des Etats membres”. Il a estimé qu’”avec l’important budget alloué aux programmes et aux plans stratégiques de l’Alecso, les secteurs de l’Education, des sciences et de la culture ne peuvent être développés, sauf s’ils sont adoptés et mis en oeuvre par les gouvernements arabes”.