A la suite de l’accord signé lors de la récente visite officielle de la chancelière allemande Angela Merckel en Tunisie, relatif au rapatriement des migrants tunisiens en situation irrégulière en Allemagne, des associations de la société civile tunisiennes ont dans un communiqué dénoncé cet accord soulignant ” leur position de refus de tous les accords de réadmission “.
Evoquant les raisons de ce refus, les associations signataires considèrent que cet accord “prévoyant l’expulsion de 1500 migrants tunisiens prétendus en situation irrégulière en Allemagne”, est un accord qui “viole la dignité et l’intégrité physique des migrants car il prévoit leur expulsion massive, accélérée et forcée et ne prévoit pas le droit au recours des migrants contre ces procédures d’expulsion “.
“Négocié sans aucune consultation des organisations de la société civile tunisienne intervenant dans le champ migratoire”, cet accord, ajoutent les signataires, “intervient dans ” un contexte de surenchères populistes faisant des amalgames entres les migrants et les terroristes et s’inscrit dans les politiques migratoires européennes qui se traduisent par des pressions inacceptables, notamment relatives à la conditionnalité de l’aide publique au développement sur les pays du Sud dont la Tunisie “.
Les associations demandent également l’ouverture ” d’un débat national transparent sur les questions migratoires conformes aux principes de la Constitution et de la révolution ” et à la “réforme des lois relatives aux migrants et aux étrangers par l’abrogation de toutes les lois et accords contraires aux droits de l’Homme et l’adoption d’une nouvelle législation respectueuse de ces droits”.
Un appel a été également lancé aux autorités allemandes de ” développer une politique d’intégration des migrants respectueuse des droits et conforme aux conventions internationales ” et aux organisations de la société civiles tunisiennes, allemandes et européennes pour ” qu’elles s’opposent à cet accord ainsi qu’aux politiques sécuritaires anti-immigrés ” ajoute la même source.
La liste des associations signataires comprend entre autres le Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux , (FTDES), la Ligue Tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme (LTDH), le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme (Euromed Droits), la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), le Comité Pour Le Respect Des Libertés Et Des Droits De L’homme en Tunisie (CRLDHT) , le Centre de Tunis Pour La Migration Et l’Asile (CETUMA), et l’Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNFT).
Pour rappel, l’accord qui a été signé le jeudi 2 mars 2017 et annoncé lors d’une conférence de presse le vendredi 3 mars 2017, comporte une série de points relatifs à la circulation, la gestion conjointe de la migration et le développement solidaire.
En ce qui concerne le point de la migration, l’accord a porté, notamment, sur l’organisation du retour volontaire des Tunisiens résidant en Allemagne et ceux qui sont entrés dans ce pays de façon clandestine en plus de la vérification de leur identité.
Selon le texte de l’accord, la Tunisie affirme notamment “sa disposition à accueillir les ressortissants tunisiens résidant illégalement en Allemagne”, insistant sur la “nécessité de préserver leur dignité et de garantir tous leurs droits économiques et sociaux y compris le droit de recours devant les tribunaux allemands concernant les procédures de leur rapatriement”.
De son côte, l’Allemagne, s’engage en vertu du texte de l’accord “à mettre à la disposition des Tunisiens qui désirent rentrer et des Tunisiens rapatriés, toutes les informations sur leur intégration professionnelle et à contribuer à la création d’un centre Tuniso-allemand pour renseigner sur les opportunités d’emploi ainsi que sur l’émigration et la réintégration”.
La partie allemande s’engage également à “fournir le soutien technique et logistique aux autorités tunisiennes pour réduire les délais de vérification de l’identité des citoyens qui seront rapatriés et de renforcer les capacités de la Tunisie en matière de lutte contre l’émigration clandestine, la traite des êtres humains et le crime organisé, outre l’échange d’information dans ce domaine”.