Nommée à la tête de la direction de la 53ème édition du Festival International de Carthage le 5 décembre 2016, la poétesse Amel Moussa qui a annoncé lundi sa démission de son poste de Directrice de l’édition 2017 a, dans une conférence de presse, mardi, tenu à préciser que l’un des facteurs essentiels qui l’ont poussé à démissionner est “le fait d’occuper un poste de figurant dès lors que le premier responsable réel du festival est devenu Ali Marmouri, directeur de l’agence nationale chargée des festivals et des grandes manifestations culturelles, qui gère les fonds et fixe les tarifs des tickets”.
Donnant sa conférence de presse dans un café près des locaux de la direction du festival, elle a ajouté “Ali Marmouri se place en deuxième rang au ministère des affaires culturelles au niveau de la prise de décisions”, indiquant dans ce sens qu’il “a oeuvré à bloquer les spectacles qu’elle a proposés en imposant des conditions excessives pour la participation des artistes dont des attestations qui prouvent qu’ils n’ont pas de dettes dans leurs pays”. De telles conditions, a-t-elle rappelé, “n’ont pas été exigées lors de la précédente édition dirigée par l’actuel ministre des affaires culturelles”.
Amel Moussa a précisé qu’environ “2000 tickets gratuits pour chaque spectacle, d’une enveloppe globale de l’ordre de 90 mille dinars de l’argent public, ont été accordés lors de la précédente édition dirigée par Mohamed Zine El Abidine”.
Dans ce même contexte, la directrice démissionnaire a dénoncé “le fait que le ministre des affaires culturelles impose la composition du comité d’organisation de la 53ème édition du Festival International de Carthage” précisant que “le même comité a travaillé auprès de la direction de Mohamed Zine El Abidine lors de l’édition précédente”. Ceci, a-t-elle ajouté, constitue “un acte sans précédent dans l’histoire de la direction du festival”.
En ce qui concerne le spectacle d’ouverture, Amel Moussa a signalé que le ministre des affaires culturelles a refusé le concert de l’artiste Dhafer Youssef sous des “prétextes insensés ” selon ses propos, exprimant sa surprise de telles évaluations manifestées par un intellectuel qui dirige le ministère.
Elle a par ailleurs ajouté que Mohamed Boughalleb membre du comité directeur de l’édition précédente et de l’actuelle session du festival international de Carthage a “dépensé, en dirigent le bureau de presse de cette grande manifestation l’année dernière, la somme de 110 mille dinars” faisant remarquer qu'”il n’a pas le droit aujourd’hui de parler de lutte contre la corruption et de mentir à l’opinion publique” selon ses dires.
Amel Moussa a tenu à dire que la démission collective des membres du comité directeur annoncée par le ministère des affaires culturelles mardi soir est intervenue deux heures après qu’elle ait annoncé sa démission à travers les médias.
En ce qui concerne l’avancement dans la programmation, elle a mentionné que les grandes lignes du programme sont définies à hauteur de 60 pour cent annonçant la programmation de Dhafer Youssef, Nouba 2 de Fadhel Jaziri, Soufia Sadok, Chirine (Egypte), “Harem du Sultan” (Turquie), une soirée spéciale à l’occasion de la commémoration du 40 ème anniversaire du décès de Abdelhalim Hafedh, outre des noms comme Scorpions (Allemagne), Cris Cab (USA), “Les Fils Marly” (Jamaique), “La reine des neiges” (France), Trio Jubran/Oumayma Khalil (Palestine-Liban), …..
Amel Moussa a tenu à adresser un remerciement spécial à Amel Grami et Hamadi Mezzi membres du comité directeur du festival qui l’ont soutenu relevant que “le ministre a contacté hier soir Hamadi Mezzi et lui a promis le poste du directeur du festival, mais Mezzi a refusé”. Hamadi Mezzi a assisté à la conférence de presse.
Il est à rappeler que la poétesse Amel Moussa a annoncé sa démission hier soir pour des raisons qu’elle a qualifiées d’ “objectives” relevant que “les conditions de travail sont devenues insupportables”. Dans un communiqué publié hier, elle a accusé le ministre de la culture Mohamed Zine El Abidine de l’avoir marginalisé et de “lui faire pression par la tutelle et la violence symbolique, notamment la mobilisation de certains de ses conseillers pour lui dicter (ses ordres) durant les trois derniers mois”.