Après sa célèbre tirade à l’ARP : «Nous sommes revenus sur l’imposition des timbres aux avocats pour éviter des troubles sociaux» voilà que notre ministre des Finances reprenne du poil de la bête et décide le limogeage du PDG de TTN Mustapha Mezghani qui a été, notamment, en charge de la mise en place et du lancement du projet SMART Tunisia (depuis 2014) et qui a réussi la gageure de remettre TTN sur les rails à partir de mai 2015.
M. Mezghani avait trouvé une entreprise en standby. «Aucune assemblée générale n’avait été tenue après celle de 2011. Il a rattrapé le retard par l’organisation de quatre assemblées générales ordinaires (en plus d’une assemblée générale extraordinaire) en moins de deux ans (2012 à 2015) avec tout ce que cela nécessite comme préparations ».
Mezghani a supervisé le lancement de la facture électronique pour rendre plus aisée la gestion des entreprises et améliorer la relation entre l’entreprise et ses fournisseurs. Il avait déclaré à un confrère que TTN, «porteuse du projet de la facture électronique, se positionne comme catalyseur de l’économie numérique en Tunisie et encourage le secteur privé à développer ses activités…. C’est une nouvelle culture d’entreprise que nous voulons développer. Nous tenons à encourager les entreprises à innover».
En guise de récompense, la ministre qui lui aurait envoyé le message par le biais d’un haut responsable «hachetha bilblaça» l’a remercié pour le remplacer par un cadre du CGF (Contrôle général des Finances) qui a dirigé la manufacture de tabac de Kairouan. Toutes les nominations édictées par la ministre des Finances, lundi 27 février, viendraient du CGF, corps auquel appartient le chef du Cabinet actuel du ministère des Finances. Ainsi Sami Ben Jannet a été nommé à la RNTA, Sami Ben Mabrouk PDG de la Société « Al Boniene » et Faouzi Ben Khlifa PDG de TTN.
Le Chef de cabinet aurait-il influencé les choix de la ministre? Suivrait-il lui aussi la malheureuse logique tunisienne de «pourquoi arroser le cèdre quand on peut arroser l’Olivier»? Nous ne serions donc pas sortis de l’auberge et le népotisme, favoritisme et partialité feraient toujours loi dans nos hautes administrations?
D’autant plus, et sans remettre nullement en question les compétences des nouveaux PDG, il se trouve que celle de la TTN pose problème dans le sens ou c’est une compagnie très importante évoluant dans un secteur stratégique. Rappelons que la mission de TTN est de gérer le “guichet unique électronique du commerce extérieur et du transport qui relie les différents intervenants dans les procédures du commerce extérieur et du transport de marchandises en Tunisie (Banques, Administrations, Douanes, Autorités portuaires, …). Elle s’intègre dans le projet de l’administration en ligne et ses projets “Liasse unique” et “Liasse Transport” ont pour but de faciliter les procédures du commerce extérieur et du transport international de marchandises, d’en assurer la traçabilité, et de réduire les délais de séjour des marchandises aux ports ».
Des activités très importantes pour notre économie. La ministre est-elle prête à subir les conséquences de son choix si TTN ne réussissait pas le défi de s’améliorer et d’optimiser ses performances? Et on discute de prestige, autorité, dignité et compétences de l’Etat ! De quelles compétences nous parlons, lorsque les meilleures sont au mieux gelées, au pire limogées !
Amel Belhadj Ali