En 2010, les exportations tunisiennes en direction de la Turquie étaient de l’ordre de 306 millions de dinars (MDT). Elles se sont améliorées en 2016 pour se situer à 356,4 MDT. En revanche, les importations de turquie, elles, sont passées du simple au double. Tenez-vous bien: de 904,6 MDT, il y a 6 ans, elles ont dépassé les 1,84 milliard de dinars aujourd’hui. Qu’Allah bénisse la solidarité entre fratries islamistes qui dépasse de loin l’amour de la patrie!
En 2010, et malgré tous les maux et les mauvaises pratiques dont souffrait le pays, l’Etat existait. Ridha Ben Mosbah, alors ministre du Commerce, avait mis au pas son homologue turc qui voulait que la Tunisie soit une “vassale“ dans la conquête de l’Afrique, en lui disant: «nous sommes prêts à coopérer, encore faut-il combler le déficit commercial entre nos deux pays». Eh oui, il y avait dans l’Etat des compétences et des vraies malgré la médiocrité intellectuelle et morale de ceux et celles qui s’acharnent sur elles aujourd’hui.
Aujourd’hui, le marché tunisien est envahi par les produits turcs (agroalimentaires, textiles et autres). La Turquie, chassée par les hafsides et les Espagnols de la Tunisie, est entrée de nouveau dans notre pays par deux grandes portes: Ennahdha et les feuilletons. Le bouquet: une colonisation socioéconomique et culturelle!
Lorsque le ministre de l’Agriculture a voulu protéger les petits agriculteurs qui cultivaient les graines de tournesol en interdisant l’importation des glibettes blanches turques, celui du Commerce a opposé un niet cinglant. Que ces pauvres Tunisiens disparaissent, il ne faut pas fâcher notre grand ami Erdogan!
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Des représentants de la Turquie sur tout le territoire tunisien !
Eh oui, il a fallu qu’Ennahdha s’empare en 2011 de la Tunisie, sous couverture d’élections «démocratiques», pour que les Turcs, nostalgiques de leur passé, pas aussi reluisant que cela, reviennent à la charge et pas n’importe laquelle: une occupation économique consciencieuse de notre pays.
Omer Faruk Dogan, le nouveau «Bey» de Tunisie –pardon l’ambassadeur de Turquie-, a annoncé à Sfax que «l’empire turc» prévoit d’ouvrir de nouveaux consulats honoraires dans nombre de gouvernorats en Tunisie, et ce dans le cadre de l’impulsion de la coopération entre les deux pays (sic) d’après la TAP. Comme si c’était lui qui pouvait décider de cela.
Se croyant en terrain conquis, Son Excellence se permet tout. Il aurait indiqué que «l’effort serait axé dans la prochaine période sur la consolidation de la coopération et le partenariat entre la Turquie et la Tunisie». Comprenez: «nous avons décidé de reprendre notre ancienne colonie et sommes bien décidés à le faire».
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Sonia Mkaour Ellouze, coordinatrice générale du consulat honoraire de la Turquie, devrait être très heureuse de ce partenariat très privilégié. Notre jeunesse n’y échappe pas. Il faut bien qu’Erdogan la possède: un club d’amitié tuniso-turc a été créé au sein de la Maison de la jeunesse de Sfax où la langue turque est enseignée.
Encore heureux que nous ayons encore un ministère des Affaires étrangères. Que l’ambassadeur turc sis à Tunis, et malgré toutes les amitiés dont il peut se prévaloir, ne décide pas du nombre et des noms des consuls honoraires et que la Tunisie puisse être fière de plus de ses trois mille ans d’histoire.