Le ministre des Affaires étrangères Khémaies Jhinaoui a annoncé mercredi que la Tunisie abritera le 1er mars prochain la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Tunisie, de l’Algérie et de l’Egypte pour faire le point des résultats des contacts établis par les trois pays avec les protagonistes libyens en vue d’un règlement politique global de la crise libyenne.
La rencontre, a-t-il ajouté, permettra également de préparer la réunion au sommet des trois présidents avant la convocation des parties libyennes à la table de dialogue.
Dans une interview accordée à l’agence TAP, Jhinaoui a indiqué que l’initiative du président de la République concernant le dossier libyen s’articule autour de quatre principaux axes : Amener les libyens toutes sensibilités politiques confondues au dialogue, rejeter toute solution militaire pouvant aggraver la crise en Libye et inviter les protagonistes libyens à aplanir les litiges et à concrétiser l’accord de Skhirat (Maroc). Il s’agit aussi de continuer à soutenir une solution politique dans ce pays chapeautée par les Nations Unies.
Cette initiative, a-t-il dit, a été lancée à l’occasion de la visite effectuée le 15 décembre 2016 par Béji Caïd Essebsi en Algérie et sa rencontre avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika qui a été chargé de rencontrer, à son tour, le président Egyptien Abdel Fattah al-Sissi (20 décembre 2016).
Cette initiative, souligne Jhinaoui, témoigne du respect et de la considération que vouent les libyens au président Caïd Essebsi qui s’est tenu aux côtés du peuple libyen en 2011 alors qu’il était Premier ministre au moment où s’est déclenchée la révolution libyenne le 17 février 2011.
Parmi les raisons ayant motivé le lancement de cette initiative, explique le ministre, les conséquences négatives et directes de la crise libyenne sur la Tunisie. En 2010, la Libye était le deuxième partenaire de la Tunisie après l’Union européenne avec un volume d’échange de plus de 2,5 milliards de dollars. Ceci outre, les menaces terroristes qui pèsent sur la Tunisie en raison de la situation instable en Libye, de la propagation des groupes terroristes et de l’ébranlement des institutions de l’Etat.
L’initiative du président, insiste le ministre des Affaires étrangères, a “créée une véritable dynamique en Libye”. Elle a eu un écho favorable aux niveaux régional et international et bénéficié du soutien de l’Algérie, de l’Egypte et de l’Union européenne. Elle a été aussi appuyée par d’autres pays tels que l’Allemagne, l’Italie, les Etats Unis mais également le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qui a affirmé la disposition de contribuer à la faire réussir.
Khémaies Jhinaoui a mis l’accent, dans le même ordre d’idées, sur l’importance des contacts établis par l’Algérie et l’Egypte pour rapprocher les points de vue des protagonistes libyens en vue de surmonter les obstacles entravant le dialogue interlibyen.
Il a rappelé l’intérêt accordé par la Tunisie au dossier libyen et ses efforts en vue de réunir les conditions propices à un dialogue entre les parties libyennes et préparer le terrain pour garantir la réussite de l’initiative. C’est dans ce cadre, a-t-il dit, qu’intervient la proposition de Slaheddine Jemmali, représentant spécial du secrétaire général de la Ligue des Etats Arabes et de la diplomate Wahida Ayari en qualité de représentante de la présidente de la Commission de l’Union africaine en Libye.
Le dialogue dans le cadre de l’initiative du président reste ouvert à tous les protagonistes libyens à l’exception de ceux qui sont impliqués dans des crimes terroristes, a tenu à préciser Jhinaoui, ajoutant que des invitations ont été adressées à plusieurs acteurs libyens pour visiter la Tunisie y compris le général Khalifa Haftar. Il a qualifié ce dernier de “patriote” et d'”acteur clé” dans toute solution à la crise libyenne. Des invitations ont été également adressées à d’autres représentants des forces et des courants politiques de l’ouest libyen.
Au sujet des interventions du président d’Ennahdha Rached Ghannouchi sur le dossier libyen, Jhinaoui a affirmé que la politique extérieure de la Tunisie est du ressort du président de la République et son exécution revient au ministre des Affaires étrangères.
“Il n’y a pas de diplomatie parallèle”, a soutenu le ministre, ajoutant que le rôle joué par Ghannouchi, comme il l’a assuré lui même à maintes reprises, vise à soutenir la diplomatie officielle sur cette question.