La liberté de mobilité des acteurs culturels entre les pays de la Méditerranée occidentale et le renforcement de l’action commune dans le secteur culturel ont été les principaux points évoqués par le Chef du gouvernement Youssef Chahed dans son allocution d’ouverture de la première conférence des ministres de la culture du dialogue “5+5” organisé à Tunis le vendredi 10 février 2016.
Le chef du gouvernement a, dans ce contexte, mis l’accent sur l’importance de cette rencontre en cette conjoncture marquée par les guerres, les conflits et l’extrémisme, soulignant le rôle majeur joué par la culture pour unir les peuples.
Il a, par ailleurs, indiqué que cette conférence placée sous le thème “la culture au service du rapprochement et du développement solidaire” et qui s’inscrit dans le cadre de la poursuite des recommandations du deuxième sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement du Dialogue 5+5 tenu à Malte en octobre 2012 ainsi que des recommandations des réunions des ministres des affaires étrangères du dialogue “5+5” tenues successivement à Lisbonne (mai 2014), Tanger (octobre 2015) et Marseille (octobre 2016) a offert l’occasion pour souligner l’intérêt à accorder à la coopération culturelle entre les pays du dialogue 5+5 en vue de raffermir les liens entre les peuples de la région, de valoriser le patrimoine culturel immatériel et matériel du bassin méditerranéen et de renforcer la créativité artistique des jeunes tout en valorisant leurs énormes potentialités.
La Tunisie, a-t-il ajouté, qui abrite les assises de cette première conférence en présence notamment des représentants du secrétariat général de l’Union du Maghreb arabe (UMA), de l’union pour la Méditerranée (UPM) et de l’Union européenne (UE) en Tunisie, parie sur la présentation d’une vision commune qui repose sur le partage des valeurs universelles, et la communauté d’intérêts et de destin entre les pays des deux rives de la Méditerranée occidentale et ce, à travers la convergence politique, sociale et économique.
Youssef Chahed a, à ce propos, tenu à signaler que le dialogue “5+5” manque encore dans le secteur culturel de cadres et de dispositions qui le soutiennent appelant les parties participantes à la conférence à se rattraper pour dépasser les lacunes notamment en matière de patrimoine culturel qui de par sa diversité et sa variété multiple demeure un moyen de développement culturel et social. Il a, à cet effet, souligné l’importance de mettre en place une stratégie commune pour améliorer le développement dans la région, donner une lecture sur le développement solidaire et renforcer la coopération dans le domaine juridique de manière à préserver le patrimoine matériel et immatériel de la région tout en oeuvrant à le valoriser.
Le Chef du gouvernement a, d’autre part, appelé à prendre des mesures supplémentaires pour développer les industries culturelles et créatives, encourager la mobilité des acteurs culturels, tisser des liens entre les artistes et les professionnels et développer l’échange des experts et des expériences réussies pour soutenir l’investissement public et privé dans le secteur culturel pour qu’il soit une source de développement économique et social solidaire. Il a, dans ce sens, mis l’accent sur la nécessité d’accorder aux jeunes plus de chances en matière de projets culturels et de programmes de coopération et de partenariat dans ce domaine soulignant que le rapprochement culturel est susceptible d’ancrer les valeurs humaines pour contrer les fléaux du terrorisme et d’extrémisme.
De son côté, le ministre des affaires culturelles Mohamed Zine el Abidine a mentionné que l’organisation en Tunisie de cette première conférence constitue une fierté et un moyen pour redorer l’image de la Tunisie et de refaire d’elle une destination culturelle citant entre autres les grandes échéances internationales organisées en Tunisie dont le congrès des ministres arabes de la culture qui sera présidé par la Tunisie à la fin de ce mois de février.
Le ministre a réaffirmé la nécessité de mettre en oeuvre les recommandations de cette conférence loin des “discours des communiqués et des recommandations” selon ses propos.
Il a indiqué que la coopération commune avec des pays qui disposent d’expériences en matière de préservation du patrimoine est un modèle à suivre pour mettre en place des programmes et prendre des mesures susceptibles de mettre fin au trafic illicite des pièces archéologiques spoliées en Tunisie.
Le ministre a ajouté que le défi qui se pose pour la Tunisie qui constitue un trait d’union entre l’Afrique et l’Europe repose sur la consécration des valeurs de tolérance, de solidarité, de coexistence et de métissage culturel. Ceci repose sur une “révolution culturelle” basée sur les principes de liberté d’expression et de pensée ainsi que sur la participation et la décentralisation.
Mohamed Zine El Abidine a, également, mentionné que la mobilité des acteurs culturels demeure toujours confisquée et que ce sont les préjugés qui entravent le processus de rapprochement, la tolérance la différence et la diversité. Et d’ajouter “Le monde connait actuellement un retour à la barbarie et au rejet de l’autre”. Il a, dans ce contexte, souligné que la culture doit être un facteur pour concrétiser l’esprit participatif et l’échange, ce qui se traduit dans les objectifs de cette conférence qui consistent à réaliser le rapprochement et la coopération entre un Maghreb méditerranéen et une Europe méditerranéenne.
Ont assisté à la séance d’ouverture de cette rencontre placée sous le haut patronage du président de la république Béji Caid Essebsi, le ministre de la culture algérien Azzedine Mihoubi, le secrétaire d’Etat espagnol à la culture Fernando Benzo, le ministre italien des Domaines et des affaires culturelles et du tourisme Dario Franceschini, le ministre de la culture portugais Luis Filipe Castro Mendes, la ministre française de la culture Audrey Azoulay, ainsi que le ministre de la culture libyen Hassan Faraj Ounaies, le ministre de la culture et de l’artisanat mauritanien Mohamed Lemine Ould Cheikh, le ministre de la Justice, de la Culture et de la gouvernance locale de Malte Owen Bonnici et l’ambassadrice du Maroc en Tunisie Latifa Akharbach,
Ont été présents en tant qu’observateurs le secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe Taieb Baccouche, Elizabeth Guigou présidente de la fondation “Anna Lindh” pour le dialogue entre les cultures et Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie et Abdellatif Fezzani, ambassadeur conseiller diplomatique au secrétariat général de l’Union pour la Méditerranée.
Se déroulant à huis clos, la conférence a débouché sur la proclamation de la “Déclaration de Tunis” dont l’agence TAP a obtenu une copie.