Le recueil de poésie en espagnol intitulé “Abou Al-Kacem Chebbi..Poésie essentielle.. Poète de l’amour et de la révolution”, du poète et académicien Ridha Mami d’après une traduction de la poésie de Abou-Al Kacem Chebbi, sera intégré dans le système d’enseignement de la Littérature comparative et la Littérature contemporaine arabe traduite aussi bien que dans les départements de la traduction dans les universités espagnoles. C’est ce qu’a déclaré l’auteur de ce nouveau recueil paru, en novembre 2016, aux éditions Pygmalion-Sial (Espagne), lors d’une rencontre de présentation, jeudi soir, à l’école Slimania, dans la vieille Médina de Tunis, organisée à l’initiative de l’Association tunisienne des hispanisants et l’éditeur espagnol.
A cette occasion, Ridha Mami a annoncé que le ministère espagnol de la Culture lui a demandé de présenter une nouvelle fois son recueil à Barcelone, après l’écho favorable suscité lors de la sa présentation en avant-première, dans la capitale espagnole, Madrid, en novembre dernier. Une deuxième édition du livre vient de paraître, depuis la semaine dernière, dans les librairies espagnoles, après la rupture de stocks de la première édition, qui avait connu un grand engouement auprès du lectorat espagnol, selon l’auteur.
Ce recueil est une adaptation d’une grande partie de l’héritage de Chebbi, poète tunisien d’expression arabe natif du sud tunisien ayant vécu entre 1909 et 1934 dont l’oeuvre avait déjà fait l’objet de traductions en anglais, chinois, français et russe. Dans une préface de 25 pages, l’auteur présente les thèmes de son recueil et identifie la relation de Chebbi avec la littérature orientale et occidentale aussi bien que celle de la diaspora, ainsi que le romantisme dans la poésie du grand poète disparu.
La traduction repose sur quatre axes fondamentaux du recueil “Aghani al-Hayat” (Les chants de la vie, paru en 1955), autour de “l’amour et la femme”, “la rébellion et la révolution”, “la mort”, et “la nature et la vie”, en passant par la symbolique dans la poésie de Chebbi.
Vingt deux (22) poèmes sont traduits dans ce recueil, pour ne citer que “O Amour”, “La Belle Tunisie”, “Le Prophète méconnu”, “La volonté de vivre”, “Prières au temple de l’amour”, “Le Cœur du poète”, “Aux tyrans du monde”, “Le Chant du tonnerre”, “Poésie”, “O mon frère” et bien d’autres.
Ce recueil constitue une première dans la traduction de la poésie de Chebbi en Espagnol, qui jusque là se limitait à une sélection de citations de poèmes publiés dans les articles et études académiques. Une édition conjointe du livre entre la maison d’édition espagnole “Pygmalion-Sial” et deux maisons d’édition, en Colombie et au Honduras sera également publiée pour les lecteurs hispanophones de ces deux pays de l’Amérique Latine. Prévue pour fin avril 2017, la nouvelle version de ce recueil devra faire l’objet de présentation dans plusieurs universités honduriennes ainsi qu’à la foire du livre dans la capitale colombienne Bogota.
Pour Mami, enseignant de la Langue et littérature espagnoles à la faculté de la Manouba, l’idée de traduire des chefs-d’œuvre de la littérature tunisienne a germé depuis plus de 25 ans mais elle n’a pris forme que récemment avec Abou Al Kacem Chebbi, connu pour son célèbre poème ” la volonté de vivre” dans lequel il dit “si le peuple voulait un jour vivre, le destin devra certainement répondre”, des mots repris par tous les peuples arabes en quête de Liberté.
Ridha Mami a tenu à évoquer les difficultés qui avaient accompagné son travail surtout que la traduction de la poésie n’est pas aussi évidente et que le fait de s’approfondir dans les sens des vers implique une grande responsabilité de la part de l’auteur. Pour lui, la crainte de ne pas pouvoir être fidèle au texte original, -en s’éloignant de l’essence même de la poésie et de la langue-, demeure le souci spécialement du traducteur du texte poétique aussi bien que le traducteur de façon générale.
Les difficultés de traduction, reconnait l’auteur, se manifestent essentiellement dans l’interprétation des multiples images poétiques dans l’oeuvre de Chebbi. Cependant, la difficulté à son avis n’est pas dans la transmission des expressions mais parvient dans l’habilité à faire de ces expressions et les sensations, émanations et émotions poétiques qu’elles renferment, un pont de communication qui relie l’auteur au lecteur.
Cette traduction a permis à l’écrivain espagnol José Manuel Lucia Megias de découvrir de près la poésie de Chebbi, ce qui l’a encouragé, dit-il, à ” traduire une autre sélection de ce poète tunisien”, exprimant son entière volonté à promouvoir le livre de Mami et l’héritage littéraire du grand poète disparu auprès des espagnols. Partant de sa connaissance du lectorat espagnol en matière de poésie, l’hôte espagnol qui ne s’attendait pas à ce succès, dit avoir prédis un chiffre qui ne dépassait pas les 600 copies vendues.
Après le succès de cette première traduction d’une œuvre littéraire et poétique tunisienne, de l’arabe vers l’espagnol, Ridha Mami compte s’ouvrir sur d’autres sommités de la Littérature tunisienne à travers la traduction du livre “Haddathâ Abou Houraïra qâl” (Ainsi parlait Abou Houraïra) de Mahmoud Messaadi, écrivain et homme politique disparu dont l’oeuvre est considérée une référence dans la littérature arabe contemporaine.