Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Hassine Abassi, a averti, à l’ouverture du 23e congrès de l’Ugtt, dimanche, à la Coupole d’El Menzah, du risque de l’affaiblissement de l’unité nationale que la Tunisie a réussi à instaurer jusqu’à présent, en raison des tentatives de polarisation politique et des clivages idéologiques.
Malgré les succès réalisés et les avancées dans la construction des institutions, la stabilité sociopolitique est toujours menacée, a-t-il ajouté soulignant que certaines parties tentent encore d’attaquer l’Ugtt, de saper son unité et de réduire son rôle à l’échelle nationale.
” Nous somme appelés à la vigilance pour protéger l’unité de notre pays et sa réussite dans la mise en place d’un modèle politique et sociétal unique, dans son environnement. De même que les syndicalistes sont appelés à préserver leur unité, leur indépendance et la position avant-gardiste de leur organisation et son rôle dans la protection de notre société, ses valeurs et ses équilibres politiques “, a-t-il dit.
Le rôle modérateur de l’Ugtt et ses efforts pour rationaliser la gestion des affaires politiques, économiques, sociales et économiques ne pouvaient aboutir sans le soutien de la masse syndicale et des travailleurs, l’adhésion des forces démocratiques et les efforts des compétences scientifiques et intellectuelles, a insisté Abassi.
Et d’ajouter, la solidarité syndicale devra constituer un vecteur pour convaincre les gouvernements et les bailleurs de fonds de l’impératif d’appuyer la jeune expérience démocratique tunisienne qui fait d’elle un modèle de gestion des processus de transition.
Notre pays, a affirmé Abassi, a franchi des pas importants et courageux en matière de réforme politique et de transition démocratique, après avoir accompli, avec succès, la phase constituante à commencer par la Constitution du 26 janvier 2014, puis les élections législatives et présidentielles, suivies de l’installation des instances dont certaines sont en cours.
Il a réitéré l’adhésion de l’union à la lutte contre le terrorisme en tant que principale priorité nationale, appelant à la nécessité de tenir un congrès sur le sujet et d’œuvrer en coordination avec tous les pays à éradiquer ce fléau et à éliminer les zones de conflit partout dans le monde, accordant la priorité à la résolution de la question palestinienne en restituant au peuple palestinien son droit à l’autodétermination sur sa terre et à la construction de son Etat indépendant, avec Al Qods comme capitale.
Il a souligné que la promotion de l’économie nationale, le développement, l’équilibre entre les régions, la création d’opportunité d’emploi notamment des jeunes diplômés d’université nécessitent la révision du modèle de développement, l’instauration de la justice fiscale, l’intégration de l’économie parallèle et la lutte contre les gros contrebandiers et toutes formes de corruption.
La réforme du modèle de développement exige, selon lui, la révision du système d’enseignement, de formation et de recherche dans une approche participative afin de finaliser ce qui a été entrepris par les partenaires sociaux.
Abassi a mis l’accent sur la nécessité de développer la capacité de production du secteur public et son rôle modérateur stratégique, d’encadrer davantage les petits agriculteurs, ainsi que de sauvegarder et de réformer les caisses sociales de manière à préserver leurs acquis et à garantir leur pérennité.
Il a évoqué les risques et les exactions dont font l’objet les Tunisiens résidents à l’étranger et notamment en Europe, appelant à les protéger, à leur fournir la prise en charge nécessaire et à mettre la solidarité syndicale au service de la défense de leurs droits et de leur sécurité. Abassi a réitère le refus du retour forcé des émigrés sous aucun prétexte et de la création de centres d’accueils pour migrants contraires aux principes des droits de l’Homme.
Il a mis en valeur l’importance de la conjoncture dans laquelle se tient le 23e congrès de l’Ugtt après cinq années de changements intenses dans le pays qui n’ont d’égal que la période constituante postindépendance et ses flottements entre réussite, échec et tentatives de retour en arrière.
Il s’est félicité du rôle de l’Ugtt et des partenaires du dialogue national : l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, le Conseil national de l’Ordre des avocats et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme qui ont conduit le difficile dialogue national dans toute sa complexité.
Lequel dialogue à abouti à la concorde nationale et au parachèvement de la phase de transition ce qui lui a valu la reconnaissance internationale couronnée par le prix Nobel de la paix 2015. ” Cet hommage nous honore et nous engage à continuer sur cette voie afin de faire de la concorde nationale un principe stratégique dans la gestion des affaires politiques, économiques, sociales et culturelles du pays, a-t-il affirmé souhaitant que cette expérience puisse être un modèle pour aider les peuples en difficile transition à dépasser leur différends.
Le rôle national de l’Ugtt n’a pas empêché l’organisation syndicale d’œuvre à préserver l’unité en son sein et à améliorer les conditions de vie des travailleurs à travers les négociations salariales et la lutte contre le travail précaire dans les secteurs public et privé, a fait remarquer Abassi.