Le Secrétaire Général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) Houcine Abassi a déclaré, samedi, craindre un “retour en arrière”, une “perte d’acquis importants comme certains droits constitutionnels et les traditions de concertation et conciliation” ainsi qu’un “blocage des réformes voulues par les Tunisiens tout au long des six années qui ont suivi la Révolution de la liberté et de la dignité”.
S’exprimant devant un rassemblement de travailleurs, à la maison de la culture Ibn Rachiq, à Tunis, à l’occasion de la célébration du 6e anniversaire de la Révolution du 14 janvier 2011, Abassi a affirmé que la centrale syndicale demeurera “vigilante” et “en alerte” face à toute tentative de ce genre.
“Nous ne devons pas oublier le sacrifice des martyrs et des blessés de la Révolution, tombés sous les balles des snipers de l’ancien régime dictatorial, alors qu’ils réclamaient la liberté et la justice sociale”, a-t-il lancé, critiquant, à ce propos, la non publication, à ce jour, de la liste officielle des martyrs et blessés de la Révolution.
Il a, en outre, passé en revue le bilan de six années de Révolution, “de manière objective, sans surenchère ou fausses accusations, et sans omettre de mentionner les lacunes”, a-t-il tenu à préciser.
“A part l’écriture d’une nouvelle Constitution et la liberté d’expression, le bilan est négatif. Le peuple Tunisien n’a rien récolté de sa Révolution”, a-t-il martelé.
Houcine Abassi a, dans ce sens, fait remarquer qu’après le succès des échéances électorales, et les mandats de deux gouvernements, plusieurs dossiers brûlants restent constamment ajournés, ce qui constitue, a-t-il prévenu “un risque qui pourrait détruire tout ce qui a été construit en matière de démocratie et de réforme politique”.
Revenant sur le dossier de l’emploi, il a dénoncé “l’injustice que continuent à subir les jeunes au chômage et les régions démunies, où s’est pourtant déclenchée la première étincelle de la Révolution”.
Le taux de chômage a atteint 15% dans le pays, et arrive jusqu’à 25% dans les régions intérieures, a-t-il déploré, insistant sur l’impératif de mettre en place des solutions concrètes et un plan d’action clair, et non des “solutions provisoires”.
Abordant la question de l’investissement, le Secrétaire général de l’UGTT a indiqué que la chute de l’investissement privé et étranger est due à l’absence d’infrastructure, faisant porter la responsabilité aux détenteurs de capitaux nationaux “qui hésitent et refusent de s’installer dans les régions intérieures sous prétexte d’insécurité”.
Il a, par ailleurs, admis la difficulté de traiter le dossier du terrorisme “à l’heure où le pays connait des tiraillements politiques considérables”. “Les Tunisiens étaient unis face au dossier du terrorisme, mais avec la question du retour des terroristes des foyers de tension, des divergences sont apparues et prennent de l’ampleur”, a-t-il relevé.
Il a, ainsi, considéré que “l’éradication de ce phénomène ne se fera que dans l’unité”, appelant l’élite politique à en prendre conscience et adopter une stratégie commune pour faire face à cette “menace sérieuse”.