Le Directeur Général de l’Institut Pasteur de Tunis (IPT), Hechmi Louzir a indiqué, lundi, que les cinq personnes originaires de Sidi Bouzid ayant témoigné dans le documentaire diffusé par la chaîne Al Jazeera n’ont jamais participé à l’essai clinique de la pommade contre la leishmaniose cutanée, annonçant, que l’IPT engagera des poursuites judiciaires contre la productrice de ce film pour “diffamation et calomnie”.
Lors d’un point de presse organisé à Tunis au siège de l’Institut, Louzir a indiqué que ce documentaire porte de graves accusations et allégations à l’encontre de l’IPT et à travers lui, le ministère de la santé et l’Etat tunisien.
“Ce documentaire diffusé le 17 décembre courant a pour seul objectif de nuire à la réputation et à la nature des recherches scientifiques sur la fabrication d’un médicament contre la leishmaniose cutanée”, a-t-il ajouté.
Louzir a, dans ce contexte, fait savoir que “les patients ayant participé à cette expérience et leurs tuteurs, ont rédigé une pétition dénonçant les propos dégradants et malveillants tenus à leur égard par la productrice et ses relais médiatiques les qualifiant de cobayes”.
Ces patients, a-t-il dit, ont confirmé que leur participation à l’étude était volontaire et éclairée, ajoutant qu’ils réclament des poursuites contre les parties impliquées dans cette “campagne médiatique diffamatoire”.
Louzir a, par ailleurs, souligné que contrairement aux allégations véhiculées par ce documentaire, la recherche thérapeutique conduite par l’IPT sur la fabrication de ce médicament a été évaluée positivement par des experts à l’échelle nationale et Internationale, précisant que les instances réglementaires nationales ont attesté “sans équivoque” de la pertinence et de la haute qualité de l’étude réalisée.
“La pommade en question a été expérimentée en concertation avec l’Organisation Mondiale de la santé et développée en collaboration avec l’Institut Pasteur de Paris et le prestigieux Institut américain Walter Reed à Washington”, a-t-il encore ajouté.
Cette étude menée par des équipes exclusivement tunisiennes s’est déroulée dans la transparence totale, a-t-il dit, ajoutant que les projets de recherche y afférents sont enregistrés et à la disposition du public. Le responsable a fait savoir que l’inclusion de mineurs dans l’étude était scientifiquement nécessaire dictée par les données épidémiologiques locales, indiquant que la leishmaniose cutanée touche, dans plus de 60% des cas, des enfants en âge scolaire.
Le directeur de l’institut Pasteur a tenu à souligner que contrairement aux informations diffusées par Al Jazeera, le produit utilisé n’est pas encore fabriqué par un industriel et ne fait pas partie de la liste des médicaments de la compagnie israélienne TEVA représentée dans 60 pays à travers le monde. Comme dans tous les essais de phase 2 ou 3, les échantillons de médicament servant à la recherche clinique, sont produits en petites quantités sous la responsabilité du promoteur du programme selon la formule (institut Walter Reed), a-t-il dit, ajoutant que pour la phase 3 de l’essai, le promoteur a commandé les lots cliniques aux laboratoires TEVA-Washington.
L’institut Pasteur de Tunis a eu la garantie que ces échantillons respectaient les normes de qualité et de sécurité suite au contrôle effectué par un laboratoire indépendant en France, a ajouté l’orateur.
De son côté, le directeur régional de la santé à Sidi Bouzid, Zaher Al-Ahmadi a indiqué que les cas de leishmaniose ont augmenté dans les régions de Sidi Bouzid, Kairouan et Gafsa après la création du barrage Sidi Saad avec une moyenne de 1500 nouveaux cas par an, soulignant que 45 à 50 mille personnes sont atteintes par cette maladie en Tunisie.
Il a fait savoir qu’un centre international de recherche sur la leishmaniose a été créé à Sidi Bouzid et qu’il a été visité par des délégations étrangères de 70 pays. L’efficacité du médicament estimé à 90% a favorisé la guérison de plusieurs malades de la région, a-t-il dit.
Des personnes ayant participé à l’expérience thérapeutique se sont félicités, au début de cette conférence de presse des résultats obtenus suite à l’utilisation de ce médicament.
Al Jazeera Documentary a diffusé le 17 décembre 2016 un film documentaire accusant l’institut Pasteur de complicité avec un institut de recherche relevant de l’armée américaine ainsi qu’avec un laboratoire israélien de fabrication de médicaments, le but étant de confectionneur un médicament qui a été expérimenté sur des mineurs de Sidi Bouzid sans aucun respect de la réglementation en vigueur.