Tunis vivra à partir de demain et jusqu’au 26 novembre au rythme de la 18ème édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC) avec au programme 62 pièces théâtrales dont 18 de Tunisie, 17 du monde arabe, 10 de l’Afrique et 17 étrangères avec 96 représentations dans la capitale et 19 villes.
Dédiée à la mémoire de leur fondateur Moncef Souissi que la scène théâtrale et culturelle tunisienne vient de perdre le 6 novembre 2016, cette édition 2016 sera fidèle aux traditions des Journées en mettant à l’honneur des femmes et des hommes de théâtre qui ont marqué de leurs empruntes les scènes arabes et africaines en l’occurrence l’Ivoirienne Werewere Liking, le Béninois Béno Sanvé, l’Algérien Mohammed Adar, en plus d’une figure du théâtre tunisien, Jalila Baccar, pour leur dévouement, créativité, passion et militantisme pour le théâtre.
Comédienne, actrice, dramaturge et écrivaine, Jalila Baccar avait débuté dans le 4ème art en intégrant le Théâtre du Sud à Gafsa, en 1973. Elle est la compagne de l’homme de théâtre Fadhel Jaïbi avec qui elle avait fondé la compagnie “Familia Productions” pour se lancer de nombreuses créations novatrices dont “Familia”, “Les amoureux du café désert”, “Soirée particulière”, “A la recherche de Aïda”, “Junun”, “Araberlin”, “Corps otages”, “Amnesia”, “Tsunami”, “Khamsoun”.
Béno Sanvee ou “Allouwassio” comme on le surnomme est un conteur togolais, à la fois comédien, chanteur, musicien et mime dont le parcours artistique est jalonné sur près de 40 ans, de spectacles, contes, pièces et ateliers de théâtre. Après s’être initié au théâtre dans de groupes artistiques scolaires, il avait rejoint en 1975 le Théâtre national du Togo en tant que comédien, pour ensuite enchaîner dans une carrière d’artiste comédien, metteur en scène, conteur et saxophoniste.
Près d’un demi siècle au service du théâtre avec à son actif plus de 30 pièces, Mohamed Adar, acteur, dramaturge et metteur en scène algérien a aussi a joué dans des films mais le 4ème Art a toujours été sa première passion. Il a fait ses études à l’Institut de la commune d’Oran en marionnettes et théâtre et avait ensuite intégré l’Ecole nationale d’art dramatique. Après un séjour en France il avait rejoint l’Union soviétique pour un nouveau stage. A son retour en Algérie il avait enchaîné les premiers rôles dans des pièces comme “Monnaie d’or”, “l’homme aux sandales de caoutchouc”, “El Khobza”, “El ajouad”, “Le cri des femmes” et “Cercle de craie”.
Artiste pluridisciplinaire, Werewere-Liking est une écrivaine, peintre, actrice, chanteuse, rappeuse, metteure en scène. Surnommée Reine-Mère, elle est, également, philanthrope, pédagogue, animatrice, opératrice culturelle militante, fondatrice et directrice artistique et philosophique du groupe Ki-Yi Mbock.
Née au Cameroun, Werewere-Liking est considérée une artiste panafricaine qui avait d’abord quitté son pays natal le Cameroun pour la Côte d’Ivoire où elle a fait des recherches en tradition et esthétique négro-africaine. Elle est l’auteure de pièces, contes, essais, livres d’art et romans dans lesquels elle tenait à protéger et entretenir la culture panafricaine traditionnelle sous toutes ses formes.
Par devoir de mémoire, les JTC rendront une série d’hommages posthumes à d’hommes de théâtre dont les parcours ont été jalonnés de passion, de création et de dévouement. Ainsi, un hommage sera rendu à l’un des fondateurs du théâtre tunisien, Moncef Souissi, acteur et metteur-en-scène réputé pour son grand dévouement marqué par la création de plusieurs troupes de théâtre dont la Troupe Permanente du Kef et la mise en scène de onze pièces de théâtre et une opérette, parmi lesquelles des pièces d’auteurs tunisiens et des adaptations du répertoire universel de Ryùnosuke Akutagawa, Carlo Goldoni, Molière, Georges Schehadé et Alfred Faraj. Moncef Souissi a dirigé également la Troupe de la ville de Tunis et le Théâtre national tunisien qu’il a fondé puis dirigé de 1983 à 1988.
Acteur, metteur en scène, scénographe, dramaturge, calligraphe, romancier, écrivain, directeur de théâtre et de compagnies de théâtre, le marocain Tayeb Saddiki est un artiste pluridisciplinaire considéré comme l’un des mastodontes du théâtre marocain. Il était à l’origine de 36 pièces de théâtre adaptées des plus grandes œuvres universelles dont “En attendant Godot” et “Le jeu de l’amour et du hasard” et 24 pièces originales comme “Maqamat Badii Ezzamane el Hamadani” et “Jnane Chiba”.
Il est aussi metteur en scène de 85 pièces de théâtre à l’instar de “Al Harraz” et “Massiratouna” et acteur dans une cinquantaine de créations, outre le cinéma où il a joué dans une dizaine de films aussi bien marocains qu’étrangers. Tayeb Saddiki était un habitué des événements culturels en Tunisie dont notamment les JTC et les JCC où il est le lauréat, en 1984, du prix de la première œuvre pour son film “Zeft”.
Acteur et metteur en scène tunisien, Ahmed Snoussi était connu au cinéma et surtout à la télévision mais aussi au théâtre. Originaire de Sers (gouvernorat du Kef), Ahmed Snoussi quitte jeune sa ville pour s’installer à Tunis où il a intégré le Centre d’art dramatique et rejoint la troupe théâtrale de Sfax et puis la troupe du Kef qu’il avait dirigé. Après 10 ans en France, il retourne au pays où il a pu réaliser une soixantaine de productions théâtrales dont des reprises d’œuvres universelles à l’instar de l’œuvre de Shakespeare, Sophocle, Molière et Lorca mais aussi “Caligula” qu’il a présenté avec feu Ali Ben Ayed en 1965. Au cinéma, il a joué dans plusieurs longs-métrages tunisiens dont “Sejnane”, “Le Soleil des Hyènes”, “Le Prince”. A la télé, il avait interprété des rôles inoubliables dans des feuilletons comme “Eddouar” et “Al khouttab al-bab”.
Ecrivain, journaliste et dramaturge, Ahmed Ameur était l’homme de plume qui a su faire passer ses messages en toute sérénité. Né en 1951, dans la ville de Metlaoui (gouvernorat de Gafsa), il avait intégré le journalisme dans les années 70. Il était aussi dramaturge puisqu’il a écrit de nombreuses pièces dont “Hamma Jridi”, “El arij”, “El jrad”, “Mor wa hlou”, “Photocopie”, “El souk” et “Selfie”. A son actif, une sitcom intitulée “Ahwal”, diffusée par la télévision nationale dans les années 90.
L’artiste tunisienne Saïda Sarray était, quant à elle, plus connue à la télévision que sur les planches de théâtre. Décédée le 6 novembre 016, elle était notamment connue pour son rôle dans le feuilleton ramadanesque “Layali el bidh”. Elle avait joué avec Moncef Lazhar puis ensuite dans la pièce “Hassouna Lili” et en 2014, elle avait joué dans un monodrame “El Kahéna”. En octobre 2015, elle participe aux JTC avec la pièce “Jamra el hawa”.