L’Instance Vérité et Dignité (IVD) entame jeudi au club Elyssa, à Sidi Bou Said, à partir de 20h30, les séances d’audition publiques des victimes de violations des droits de l’homme.
Objectif, informer le public large sur les types de violations subies par les victimes, leur contexte historique et la nature de la violation.
Des violations commises entre 1955 et 2013. Une période que l’IVD a divisé sur 18 cycles correspondant aux crises et tensions qu’a connues le pays et qui ont engendré des victimes, à commencer par le renversement du régime beylical.
Ces journées constitueront le couronnement de près de six mois de travail et de préparation, selon la présidente de l’Instance Sihem Ben Sedrine, Un rendez-vous décrit comme un tournant dans l’histoire de la Tunisie, selon les personnes concernées par la justice transitionnelle.
Il s’agit, selon eux, d’un pas vers le parachèvement du processus de la justice transitionnelle devant permettre, en premier lieu, de révéler la vérité et de rendre des comptes avant la réconciliation, la réparation et la réforme des institutions et enfin la préservation de la mémoire collective et la réécriture de l’histoire.
Les témoignages des victimes ne constituent pas de simples récits. C’est un évènement national et une partie de l’histoire de la Tunisie qui sera documentée et sauvegardée, explique l’IVD qui tient à préciser que rendre justice aux victimes ne signifie guère se venger des tortionnaires.
Le Centre international de la justice transitionnelle définit la justice transitionnelle comme étant une démarche de réalisation de la justice en période transitoire, de conflit et de despotisme d’Etat. En plus, c’est une reconnaissance des droits des victimes, elle encourage la confiance civile et renforce la suprématie de la loi et la démocratie.
Près de mille personnes sont attendues aux séances d’audition publique qui se dérouleront sur deux jours. Des présidents d’instances similaires de plusieurs pays et des diplomates étrangers y prendront part.
L’IVD avait également invité le président de la République, le président du parlement et le chef du gouvernement.
Au cours de sa rencontre la semaine dernière avec les journalistes de la TAP, la présidente de l’IVD Sihem Ben Sedrine avait expliqué que les séances d’audition comprendront 4 témoignages chacune (20 à 30 minutes seront accordées à chaque victime pour s’exprimer librement sans être interrompue).
Jusqu’à ce jour, l’IVD a tenu 10 mille 800 séances à huis clos d’un ensemble de 65 mille dossiers déposés par des membres des minorités juive, noire et amazighe, des partis politiques, des associations, des unions nationales, des membres de la sécurité nationale….
Sur le choix du Club Elyssa, Ben Sedrine a évoqué l’expérience de l’Allemagne qui a choisi, délibérément, de juger les nazis chez eux et dans leurs locaux. Le club Elyssa était, en effet, le lieu où l’épouse du président déchu, Leila Ben Ali recevait ses amis et organisait des fêtes privées. Cela doit permettre de se réconcilier avec ces espaces symboliques, voire de se les réapproprier.