Clandestins : Les familles des disparus dénoncent le mutisme du gouvernement

Les représentants des familles des 504 jeunes tunisiens disparus suite à une tentative de migration illégale vers l’Europe dans des embarcations non sécurisées ont dénoncé jeudi le mutisme du gouvernement actuel ainsi que ceux qui l’ont précédé.

” Face au silence des autorités tunisiennes, les familles sont appelées à se mobiliser pour exiger la vérité sur le sort de leurs enfants, en observant un rassemblement de protestation le 09 novembre prochain à 09h devant le siège du ministère des Affaires sociales “, a souligné Abderrahmane Hedhili, président du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDS) lors d’un point de presse à Tunis.

Hedhili a, en outre, précisé que malgré la création en 2015 d’une commission chargée de suivre le dossier des Tunisiens disparus suite à leur migration clandestine vers les côtes italiennes, les familles sont toujours sans nouvelles officielles de leurs enfants et ce, depuis 2008 pour certaines d’entre-elles.

” Depuis plus de six ans, nous ignorons le sort de nos enfants et aucun des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir n’a traité ce dossier avec le sérieux requis”, a souligné Mounira Ben Hassine, présidente de l’association ” le destin des jeunes de la méditerranée ” et mère de l’un des disparus.

” Outre l’absence d’informations officielles, le gouvernement n’a assuré ni l’assistance financière aux familles des disparus pour voyager et chercher leurs enfants, ni même l’assistance sociale ou psychologique”, a-t-elle dénoncé.

Selon Imed Soltani, président de l’association ” Terre pour tous “, certaines familles ont des preuves que leurs enfants sont en vie et sont en Europe mais ” le gouvernement ne fait rien pour les ramener ou informer leurs familles de leurs situations réelles”.

” Il est temps que l’Union européenne change sa politique de marginalisation envers les jeunes de la rive sud de la Méditerranée ayant émigré clandestinement vers ses pays membres”, a-t-il lancé, appelant le gouvernement tunisien à bouger et à défendre ses compatriotes.

Soltani a estimé que la migration illégale des jeunes n’est que le résultat des politiques inefficaces du gouvernement et de l’échec du modèle de développement qui a aggravé, selon lui, la pauvreté et les inégalités sociales et régionales.

Les familles des disparus présentes à la conférence de presse ont scandé des slogans appelant à dévoiler toute la vérité sur le sort de leurs enfants.

” Nous ne voulons ni argent ni assistance ! Nous voulons juste savoir si nos enfants sont morts ou vivants “, s’écriaient les mères en larmes.

Une source informée au ministère des affaires Etrangères a déclaré jeudi à la TAP qu’une réunion se tiendra très bientôt entre les autorités tunisiennes et italiennes et portera sur le sujet des Tunisiens disparus en Italie.

La même source a affirmé que ” la complexité de ce dossier fait que les résultats tardent à venir bien que les efforts ne manquent pas “.