Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) a recensé plus de 180 cas de licenciements de journalistes, plus de 480 annonces de non paiement à temps de salaires des journalistes pour une période d’une année seulement (de septembre 2015 à septembre 2016), a révélé le président du syndicat Neji Bghouri.
Qualifiant ces abus d'”indice dangereux et de menace pour la profession de journaliste en Tunisie”, Bghouri a indiqué, lors d’un workshop organisé mercredi par la SNJT à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, que l’emploi précaire des journalistes et les formules de travail contractuel non réglementaire et le licenciement collectif “sont une nouvelle forme d’agression contre les journalistes et menace gravement la profession et les libertés ainsi que la transition démocratique en Tunisie”.
Il a relevé que “l’intrusion de l’argent sale dans le monde de la presse est un phénomène qui n’est pas moins grave que l’impunité dans les crimes contre les journaliste et menace réellement la profession journalistique”, a-t-il estimé.
“Les justifications apportées par certains pour expliquer l’ampleur de ce phénomène, à l’instar de la crise économique et le marché exagu de la publicité ne peuvent dissimuler qu’un mépris des efforts des journalistes et poussent les professionnels à faire les frais de crises dont ils ne sont pas responsables”, a souligné Neji Bghouri.
Il a appelé d’autre part à la nécessité de conclure de nouveaux accords sectoriels et d’exiger des entreprises de presse de respecter les droits économiques et sociaux des journalistes, se prononçant pour la mise en place d’une agence nationale de publicité respectant les critères déontologiques en matière de répartition de la publicité et des droits matériels.
Le représentant du haut commissariat des droits de l’homme en Tunisie et le coordinateur général par intérim des Nations Unies à Tunis, Demitri Chalev, a souligné de son côté l’importance des sanctions d’ordre matériel et moral à l’encontre des auteurs de crimes contre le journaliste.
“L’expérience a démontré que l’impunité exacerbe les conflits et porte atteinte à la liberté de presse”, a-t-il fait valoir, tout en soulignant le rôle crucial de l’Etat dans la mise en place d’outils à même de protéger les journalistes et les sources dont ils puisent les informations.
Le directeur du bureau du Maghreb Arabe du réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme, Rami Salhi, a évoqué “l’incapacité de l’Etat à assumer ses responsabilités dans la protection des journaliste et la croissance des pouvoirs des lobbies et des intérêts de la corruption, ce qui expose la vie des journaliste au danger”.
“Un grand nombre de journalistes en Tunisie s’exposent aux violations dans l’accomplissement de leur devoir de la part des agents de sécurité ou de l’administration, un indice dangereux qui limite la liberté de presse et d’expression”, a-t-il affirmé.