Film “Al Madina” : Une histoire sur la patience humaine

“Al Madina”, une fiction de 90mn du palestinien Omar Shargawi est en compétition officielle dans la catégorie des longs-métrages de la 27ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC).

Présent en Tunisie à l’occasion des JCC, Omar Shargawi a indiqué dans un entretien à l’agence TAP, que pour ce film sorti en 2016, il a choisi d’être des deux côtés de la caméra pour filmer et interpréter le rôle de Youssef.

Il reprend l’expérience dans son premier film tourné en 2007 et sorti en 2008 “Maa Salema ya Jamil”, où il avait également joué, mais un petit rôle, a-t-il précisé.Tout comme Omar, d’origine palestinienne, Youssef est de retour dans le pays de son père.

Accompagné de sa femme Danoise, il revient à “Al Madina” pour se rapprocher de ses racines et retrouver ses origines. “Al madina n’est pas une ville arabe, c’est plutôt plusieurs villes à la fois” a expliqué le réalisateur. Selon lui, l’histoire du film pourrait être transposée dans n’importe quelle autre partie du monde.

L’histoire c’est celle de Youssef qui se trouve confronté à un incident qui fait de lui un meurtrier, un destin qui le conduit ensuite en prison alors que sa femme enceinte, perd son bébé et décide de retourner chez elle, au Danemark.

Ce revirement des évènements transforme la personnalité de Youssef qui, une fois évadé de la prison lors d’une manifestation violente dans le pays, devint un homme sans merci pour enfin réussir, après une longue et rude patience pleine d’embuches et de soubresauts, à fuir le pays auquel il était venu se ressourcer.

La dernière scène du film montre un Youssef errant dans le Sahara, le néant, et personne n’en saura quel nouveau sort attend l’être humain qu’il était.

“Le film dont le tournage s’est déroulé en Jordanie, se dresse comme un message sur la patience d’un Homme qui a traversé plusieurs épreuves”, estime Omar rappelant l’histoire du prophète Ayoub.

Les évènements du film projettent le spectateur dans plusieurs sortes de sentiments, de compassion et de reproche, envers Youssef, la victime et le meurtrier qui, suite à un meurtre non prémédité, devient une machine aux mains de médecins qui profitent des malheurs des petits abandonnés dans les camps des réfugiés pour enlever leurs organes vitaux.Omar Shargawi soulève le triste sort de ces enfants sans lendemain et le grand réseau de trafic d’organes dans ces camps oubliés du système.

“Malheureusement c’est la vérité, mais personne n’en parle, c’est juste le côté politique de la guerre dont on parle en Orient alors que d’utrs aspects cachés passent inaperçus bien que c’est dramatique”.

Il dit avoir essayé de montrer ce qui se passe avec l’Etre humain qui perd son âme, quand l’être prend ses distances de tout ce qui illumine sa vie et perd confiance en ses valeurs pour devenir capable de tout faire.Dans son rôle de Youssef, Omar donne l’image d’un homme très impliqué et touché par la souffrance de plusieurs personnes qui vivent en Jordanie ou en Palestine, en disant “le film se situe dans les films du monde”.

D’ailleurs, ses autres films ont cette portée universelle puisqu’en 2011, il avait choisi de tourner “½ Thouara” (Une demi révolution), un documentaire sur les premiers jours de la révolution égyptienne, un pays où il avait “vécu près de six ans”.Largement influencé par les films de Charles Bronson, Clint Eastwood, Bruce Lee, au début de ses 20 ans, il dit avoir commencé à prendre des photos et les vendre pour des journaux et magazines.Mais sa véritable percée dans le cinéma avait commencé par des courts-métrages au Danemark où il est né d’une mère danoise et d’un père palestinien.

“J’ai dû frapper à toutes les portes, à Cannes spécialement, et auprès des grands producteurs danois pour leur montrer mes films et avoir des financements”.Après la projection de son film documentaire “Abi men Haifa”, en 2009, certains dont le film n’avai pas plu, “m’ont classé non pas un citoyen Palestinien, mais un Danois”. Loin de ces préjugés et confusions entre l’œuvre et la personne, lui il se voit “une mixité d’arabe et de danois” et fier de ses origines en tant que palestinien.