” Nous devrons repenser nos pédagogies d’enseignement dans les écoles d’ingénieurs “, a indiqué, samedi, le professeur universitaire à l’Ecole nationale des ingénieurs de Tunis (ENIT), Jalel Briki.
Au cours d’une table ronde organisée à l’ENIT, sur le thème ” Ingénieurs et extrémisme, déchiffrons l’équation “, des universitaires et des acteurs de la société civile ont débattu de la question du recrutement des jeunes ingénieurs tunisiens dans les zones de conflits.
Selon Pr. Briki, le sort des étudiants de l’ENIT qui rejoignent les groupes terroristes doit inciter les enseignants à repenser leurs méthodologies et pédagogies d’enseignement.
La pauvreté culturelle, le chômage, la situation sociale de la famille et la mauvaise influence de l’entourage, sont autant de facteurs intervenant dans le recrutement des jeunes ingénieurs, a révélé une pré-enquête élaborée par les jeunes étudiants de l’ENIT auprès des étudiants et diplômés de l’école.
Un autre facteur favorisant le développement de la pensée extrémiste réside, selon 50% des étudiants et des ingénieurs sondés, dans le vide culturel.
32% imputent ce phénomène à l’absence d’une éducation religieuse adéquate et 11 % seulement pensent que c’est la discrimination sociale qui pousserait les jeunes à rejoindre ces groupes. La situation des ingénieurs en Tunisie pourrait également être un facteur de la radicalisation de ces jeunes, selon 58% des questionnés.
Prenant part à cette table ronde, la présidente de l’Association de la recherche des disparus et de l’encadrement des prisonniers tunisiens à l’étranger, Halima Issa a indiqué que 50 personnes sur les 400 dossiers, traités par l’association, et ayant rejoint les zones de conflits, à savoir l’Irak et la Syrie, depuis 2002, sont des techniciens et des ingénieurs.
Eslam Ferjani, membre l’Observatoire des Droits de l’Homme, a estimé, quant à lui, que la marginalisation de ces jeunes est un facteur de taille les acculant à rejoindre les groupes extrémistes. Les jeunes ingénieurs, marginalisés au début de leurs carrières en Tunisie, partent à la recherche d’une reconnaissance qu’ils trouvent dans ces zones de conflits.
Ces ingénieurs qui sont créatifs et travailleurs ne retrouvent leur ” estime de soi ” que dans ces régions, a-t-il soutenu.
Pour faire face à ce phénomène, il faut développer les activités culturelles et sportives dans les milieux universitaires mais également scolaires, ont proposé les intervenants.
” Notre objectif est d’élaborer des recommandations afin de les transmettre aux autorités de tutelle “, a affirmé Imen Ben Saber, présidente de la Jeune Chambre Internationale (JCI) ENIT dans une déclaration à l’agence TAP.
Selon les organisateurs, cette table ronde est la deuxième étape d’un projet d’étude sur le recrutement des jeunes ingénieurs dans les mouvements extrémistes.
Elaboré par la JCI de l’ENIT, ce programme a débuté en avril 2016 avec l’organisation d’un événement culturel, une pièce de théâtre. La troisième étape consistera à organiser un Marathon contre le recrutement des jeunes par les mouvements terroristes.