“Criminel” ! C’est ainsi qu’un journaliste spécialisé dans le tourisme a décrit les pratiques de la compagnie aérienne nationale Tunisair avec les clients de la compagnie: Tunisiens et étrangers ! Et pourtant, il fut un temps où elle était l’un des fleurons des compagnies aériennes non seulement maghrébines et africaines mais méditerranéennes. Il fut un temps où le slogan de Tunisair était «Nous avons les meilleurs pilotes du monde». Il fut un temps où les compagnies aériennes internationales se disputaient le service catering de la compagnie battant pavillon national.
Il fut un temps où à la lumière des prestations de services rendues à bord des avions Tunisair, les étrangers pouvaient entrevoir le niveau de développement de notre pays.
C’était avant que la famille Trabelsi se mêle des affaires de la compagnie et bien avant qu’il n’y ait un 14 janvier, qu’un Abdelkrim Harouni devienne ministre du Transport!
Nous pensions que les choses allaient changer avec l’arrivée de l’ancienne PDG de la TRANSTU à la tête de la compagnie aérienne nationale. Que nenni! Même si le catering a doucement repris du service, le handling est toujours infesté de voleurs, les prestations de services sont plus qu’approximatives et presqu’aucun passager Tunisair n’échappe à la malédiction des retards.
Jugez-en par vous-mêmes : un vol à destination de Strasbourg, mercredi 31 août, a fait un retard de 2h30. Un autre en partance vers Paris, lundi 5 septembre, enregistre plus d’une heure de retard. Et celui de retour de Strasbourg le même jour opère un retard de 3 heures 30. Il ne s’agit que de trois exemples parmi d’autres.
La PDG, la dame que certains voulaient pour chef de gouvernement, n’en a cure! L’image de la compagnie qu’elle dirige n’a aucune importance. Que les médias critiquent, que les passagers souffrent, c’est le dernier de ses soucis. Pourquoi, dans ce cas, se casser la tête à vouloir améliorer le rendement de la compagnie, sa ponctualité et sa qualité de service? Elle a, semble-t-il, les épaules solides tant il est vrai que les centres du pouvoir ont changé de lieux. Ils ne sont plus au Palais de Carthage ou au ministère du Transport, ils subsistent au sein de la compagnie, la vampirisent, écartent les compétences, épuisent les bonnes volontés et la mènent tout droit vers sa perte.
A ce train-là, attendons-nous à ce que sous peu, il n’y ait plus de compagnie battant pavillon national. Elle aurait été sacrifiée à la soif de pouvoir des uns et à la voracité des autres.
L’aéroport international de Tunis-Carthage ressemble de plus en plus à la gare routière de Bab Alioua. Ceux qui le managent, l’OACA et Tunisair, ne sont pas là. Après tout, comme le dit ce dicton bien de chez nous, il s’agit de «rizk el bilik»!
L’arrivée de l’aéroport transformée en un grand magasin de fret
Nous en avons eu un exemple concret lundi 5 septembre à notre descente du vol de Strasbourg (voir Photo).
Arrivés à l’aéroport Tunis-Carthage, nous sommes confrontés à des centaines de bagages amassés sur le sol. Un employé de Tunisair questionné sur les raisons de la transformation du hall d’arrivée en un immense débarras nous répond, embarrassé: «Ce sont les bagages des vieilles personnes de retour d’une Omra». Il n’y a plus de Omra depuis deux mois, rétorquons-nous. Il cherche une réponse plus convaincante et nous explique que le magasin sis à l’aéroport est plein à craquer et que dans l’autre situé un peu plus loin, on travaille à des heures administratives. En fait, les bagages appartenaient aux pèlerins lesquels devaient prendre l’avion lundi à 17 h. Ils sont partis mardi 6 à 10h. Et les bagages qui couvraient le parterre de l’aéroport Tunis-Carthage étaient les leurs.
Ce qui se passe à Tunisair, gérée par une PDG qui a adopté la doctrine du drapeau blanc avec les syndicats, lesquels (la tadhini, la nadhik), selon de nombreuses sources, sont les véritables décideurs de la compagnie, révèle le degré de déchéance de la Tunisie retombée dans les méandres d’un sous-développement douloureux et le tourisme qui se débat pour renaître de ses cendres.
Cauchemardesque !
Au train où vont les choses, Salma Rekik, ministre du Tourisme, pourrait devenir une fée, une magicienne, une ensorceleuse. Elle pourrait arrêter de dormir, de manger et même de boire, mettant chaque fraction de seconde de son temps et de sa vie dans la promotion du Site Tunisie. Elle y échouera indéniablement! Car le transport en général et aérien en particulier ont toujours été les principaux alliés de la mise en valeur d’une destination touristique quelle qu’elle soit.
Aujourd’hui, la compagnie battant pavillon national coule aussi sûrement que le Titanic à cause de la complaisance? Laxisme? Attentisme face à des pratiques indignes et destructrices de nombre des agents de la compagnie sans oublier l’absence de discipline, les retards systématiques qui varient entre une heure et trois heures, 5 et même 17h et une indifférence révoltante quant aux conséquences de l’exercice de la PDG. A ce train-là, Tunisair finira par dépérir et peut être par être rachetée pour une bouchée de pain par une autre compagnie internationale. Avis aux nationalistes virulents!
Jusqu’à quand certains hauts commis de l’Etat feront-ils (elles) prévaloir leurs intérêts personnels et leur maintien à leurs postes à l’intérêt national?
Jusqu’à quand sacrifierait-on la Tunisie au pouvoir?
Amel Belhadj Ali