L’ancien ministre de la Fonction publique, de la gouvernance et de la Lutte contre la corruption était l’invité de la matinale de la radio nationale, de ce lundi 5 septembre, animée Hatem Ben Amara.
Sur un ton sûr et modéré, Kamel Ayadi a fait le point sur un certain nombre de sujets concernant son départ précipité et qui a été regretté par beaucoup, ainsi sue sur l’amputation de la lutte contre la corruption des prérogatives de son ministère et ses répercussions éventuelles sur la crédibilité du nouveau gouvernement qui affichait pourtant ce dossier parmi ses priorités.
Ayadi a parlé en tant qu’homme responsable, avec beaucoup d’assurance et de rigueur et très peu d’émotion. Il a exprimé son soutien au gouvernement Chahed qui, d’après lui, serait le dernier gouvernement avant le chaos.
Répondant à la question de l’animateur sur la photo le montrant en train de quitter le ministère en taxi et qui a reçu beaucoup d’éloges de la plus part des internautes, certains ayant qualifié son acte d’unique et exemplaire. Mais Kamel Ayadi souhaite ne plus en parler car il y a plus important que ça. Toutefois, et en guise de dernière mise au point sur cet acte, il a précisé qu’il s’agissait d’un geste spontané et pas du tout orchestré, étant donné que celui qui a pris et publié cette photo s’est manifesté de lui-même, à l’insu de l’ex-ministre. Il s’agit d’un blogueur qui anime le site Rasd Tounes.
Kamel Ayadi a précisé que son acte spontané était loin d’être motivé par la recherche de populisme, et qu’il a cherché à travers cet acte à exprimer une position que chacun pourrait interpréter comme bon lui semble.
L’ex-ministre a été interrogé également sur son opinion au sujet de l’amputation du terme “lutte contre la corruption“ parmi les prérogatives du ministère. L’animateur l’a interrogé s’il ne s’agissait pas là d’une démarche ambivalente de la part de Youssef Chahed qui, d’un côté, dit avoir inscrit la lutte contre la corruption parmi les priorités de son gouvernement, en application du Document de Carthage, mais de l’autre côté restreint les prérogatives du ministère aux seuls dossiers de la fonction publique et de la gouvernance.
L’explication de Kamel Ayadi sur ce sujet a été beaucoup plus nuancée et moins directe que la question. Tout d’abord, il s’est dit satisfait de la déclaration d’intention de Youssef Chahed qui, d’après lui, s’est publiquement engagé pour lutter contre la corruption. L’ex-ministre n’a pas manqué également de noter sa satisfaction quant à la décision du chef du gouvernement de renforcer l’Instance de lutte contre la corruption.
Par contre, il n’a pas caché que l’orientation du chef du gouvernement en rapport avec le dossier de la corruption peut amener certains à faire une autre lecture qui ne serait pas favorable à son gouvernement. Et quand l’animateur lui demande de donner sa propre lecture sur ce sujet, Kamel Ayadi n’a pas voulu se lancer dans une analyse hâtive, précisant qu’il souhaite attendre de voir l’action du gouvernement et de discuter directement avec Youssef Chahed avant de se prononcer sur ce sujet.
L’animateur est ensuite allé un peu loin en interrogeant l’ex-ministre s’il n’avait pas été victime d’un complot. Comme première preuve de l’existence de ce complot, ce dernier évoquera la compagne malheureuse qui a cherché à ternir son image et qui a été lancée par I Watch le jour même où Youssef Chahed a entamé ses consultations pour la désignation de son équipe.
Comme seconde preuve du complot, l’animateur évoque également les déclarations de Chawki Tabib contre le ministère, qui, apparemment lui faisait beaucoup d’ombre avec ses activités débordantes et sa prise en charge du dossier de la lutte contre la corruption par des projets concrets.
Dans sa réponse, Kamel Ayadi n’a pas exclu le scénario d’un complot, tout en minimisant l’effet de ce genre d’agissements sur la décision de Chahed qui a été motivée par d’autres considérations, plutôt politiques.
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