Les spectacles hors-les-murs de la 52ème édition du festival international de Carthage se poursuivent à la Basilique Saint-Cyprien avec un spectacle donné, en première partie de la soirée du lundi soir, par l’orchestre du pianiste et compositeur Mohamed-Ali Kammoun.
“Préludes” est l’intitulé de sa récente création musicale instrumentale: c’est un voyage musical revisité du riche patrimoine musical de différentes régions tunisiennes. L’orchestre a interprété “Kasba”, “Sicca Veneria”, “Sakiet Sidi Youssef”, “Kasserine”, “Nafta”, ” “Sidi Ali Karray” et “Abbassiya”, autant de pièces instrumentales portant chacune le cachet de la région dont elle est originaire.
L’oeuvre de Kammoun puise sa force dans la recherche musicale continue et ses résidences artistiques dans différentes régions du pays en côtoyant de plus près les populations porteuses de ce patrimoine vocal ancestral. Porté par sa puissante formation académique, le pianiste travaille sur des œuvres locales en introduisant certaines sonorités occidentales à influence jazz sans toutefois leur porter des artifices lourds. La majorité des oeuvres instrumentales a été développée en 2015 lors de la résidence de l’artiste à la Cité internationale des arts de Paris.
Outre Mohamed Ali Kammoun au piano, “Préludes” réunit le maitre Nabil Abdmouleh et le prodigieux Ahmed Litaiem pour une section inédite de deux nays (flute arabe) ainsi que le virtuose, le violoniste Zied Zouari aux côtés de Lotfi Soua aux percussions traditionnelles, Seifeddine Helal à la batterie et Wassim Benrhouma à la basse sans oublier l’artiste Raouk Karray protagoniste de la création visuelle, Anas Ghrab dans l’interaction numérique son-image et Sélim Achour au son.
Dans une déclaration accordée à l’agence TAP, Kammoun a qui avait fin 2015 présenté ses “24 parfums”, un projet avec lequel il espérait faire l’ouverture du festival de Carthage 2016, signale qu’il garde toujours cette ambition de présenter ce projet musical sur la scène de l’amphithéâtre romain de Carthage. “Ca sera pour la prochaine édition”, espère-t-il.
Finalement baptisé “Parfums”, Kammoun avait déjà présenté son projet à l’ouverture des Journées musicales de Carthage (JMC) et dernièrement à la cérémonie d’ouverture de la manifestation “Sfax Capitale de la Culture arabe 2016. L’artiste doit travailler toujours sur ce projet qu’il espère présenter à un plus large public à travers touts les régions de la Tunisie.
Après “Préludes” c’est “La Fleuriste”, une comédie musicale de Khaled Slama -très saluée lors des JMC 2016- qui a été présentée en seconde partie de la soirée. L’orchestre de Ben Slama a joué une oeuvre musicale authentique tout en introduisant des chorégraphies fraîches et fleuries.
Le projet est une sorte d’opérette portée par trois chanteurs dont une voix féminine dans le rôle de la fleuriste. L’écriture musicale et dramatique du spectacle laisse au spectateur une grande liberté de déchiffrer les codes véhiculés par les différentes chansons. “La fleuriste” est tantôt le songe éphémère d’une femme adulée et tantôt l’idée impalpable d’une belle créature incarné en rose. Khaled Slama a livré des arrangements variés allant du classique tunisien au tarab.
” La Fleuriste ” est une oeuvre qui s’articule autour de scénettes de la vie quotidienne, c’est aussi une immersion dans la mémoire collective à travers des relations humaines qui s’entrecroisent et qui s’opposent suivant une trame composée de chansons soigneusement agencées pour former une oeuvre cohérente et harmonieuse.
Bien que devant un public peu nombreux, les spectacles de la basilique Saint Cyprien constituent un moment de détente et de découverte des nouvelles créations tunisiennes et des artistes peu connus du public tunisien.