” Bien qu’elle n’ait pas été correctement préparée, l’initiative présidentielle en faveur de la formation d’un gouvernement d’union nationale constitue à plusieurs égards une démarche démocratique qui répond aux dispositions de la nouvelle Constitution “, a estimé samedi le député du bloc du Mouvement Ennahdha Sahbi Atig.
Prenant la parole au terme de l’allocution prononcée par le chef du gouvernement Habib Essid lors de la séance de vote de confiance à son gouvernement, Atig a ajouté que le recours de Habib Essid au parlement pour statuer sur le sort de son gouvernement représente un choix judicieux et une démarche audacieuse qui, selon lui, a ” sauvé l’initiative présidentielle d’un mauvais scénario “.
Tout en saluant les efforts louables déployés par le gouvernement Essid en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, Atig a jugé indispensable d’élargir le cercle du pouvoir pour surmonter les difficultés socio-économiques auxquelles fait face le pays.
Pour le député du bloc de Nidaa Tounes, Hatem Ferjani, le lancement de l’initiative présidentielle intervient en réaction à la dégradation de la situation socio-économique dans le pays.
Le député du groupe parlementaire d’Al Horra, Brahim Nassef a, quant à lui, estimé que l’échec du gouvernement ne doit pas être imputé uniquement à Habib Essid et à son équipe mais aussi à tous les partis politiques.
A cet égard, il a réclamé la formation d’un gouvernement de compétences qui aura pour mission de répondre à un ensemble de priorités, dont notamment l’instauration de la paix sociale, l’amélioration du pouvoir d’achat et le renforcement du rendement de l’administration tunisienne.
Le député du bloc du Front populaire Zied Lakhdar, a, de son côté, dénoncé l’abstention du gouvernement Essid de révéler la vérité au sujet de la situation économique difficile que traverse le pays.
Selon lui, le gouvernement Essid n’a pas voulu non plus reconnaitre l’existence de lobbies de corruption qui tiennent les rênes du pouvoir et qui cherchent inlassablement à étouffer la vérité sur les dossiers de corruption et les assassinats politiques.
L’élu du bloc social démocrate, Mehdi Ben Gharbia a dénoncé le ” laxisme ” du gouvernement dans le règlement de l’affaire Pétrofac à Kerkennah (Sfax) et la relance de la production de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG).
” Le gouvernement Essid est ” incapable de prendre les grandes décisions “, a-t-il conclu.
Les députés Riadh Mouakher et Karim Helali du groupe parlementaire d’Afek Tounes ont jugé ” acceptable ” le rendement du gouvernement Essid, dans la mesure où il a réussi au règlement de plusieurs questions économiques, dont l’élaboration du plan quinquennal de développement.
Toutefois, ils ont cru impossible le maintien du gouvernement Essid au pouvoir.
” Bien qu’il ait accompli plusieurs réalisations, le gouvernement Essid ne doit pas rester au pouvoir “, ont-ils lancé.
Qualifiant d'” improvisée et précipitée “, l’initiative présidentielle sur la formation d’un gouvernement d’union nationale, le député Noôman El-Euch (Courant démocratique) a affirmé que la coalition au pouvoir s’est servie du chef du gouvernement comme bouc-émissaire, estimant indispensable de déterminer les responsabilités dans l’échec du gouvernement.
“Ceux qui ont tiré le tapis sous vos pieds sont bien les mêmes que tu n’a pas réussi à contenir, a lancé la député du bloc Ennahdha, Jamila Ksiksi en s’adressant au chef du gouvernement, Habib Essid.
Il s’agit là, a-t-elle dit, des ” lobbies de la corruption, des milieux du commerce parallèle et de la mafia de la fraude fiscale “.
L’élu du mouvement Achaab Salem Labiadh a regretté que cette séance plénière ait pour finalité le retrait de confiance au chef du gouvernement et non aux ministres, appelant la coalition au pouvoir à avouer l’échec de ses ministres qui, a-t-il dit, ” doivent à leur tour se retirer “.
” C’est honteux que des ministres du gouvernement Essid soient maintenus dans le gouvernement d’union nationale “, a-t-il dit.
Pour sa part, Ammar Amroussia, député du Front populaire, a demandé au chef du gouvernement de sortir de son devoir de réserve et de dénoncer tous ceux qui l’ont menacé et entravé son travail, surtout que l’Etat se trouve actuellement sous l’emprise de la mafia.
Selon Amroussia, ” le parlement a failli à sa mission législative “, particulièrement en ce qui concerne le contrôle de l’action du gouvernement et de l’Exécutif”.
Quant à l’élue du Front populaire (FP), M’barka Aouainia, elle s’est déclarée étonnée de voir les députés applaudir le discours du chef du gouvernement alors qu’ils s’apprêtent à lui retirer la confiance, soulignant que ” le règlement de la crise en Tunisie est tributaire d’un dialogue national sérieux “.
Le député du bloc Al-Horra, Slah Bargaoui a tenu Essid pour responsable de l’échec du gouvernement parce qu’il a accepté de conduire un gouvernement formé sur la base des quotas partisans.
De son côté, le député du bloc social-démocrate, Fayçal Tebbini a mis en garde le chef du gouvernement contre le risque de se voir assumer tout seul la responsabilité de l’échec du gouvernement, au cas où il partirait sans mettre au grand jour toute la vérité.