Il est choquant, voire révoltant de réaliser une telle virulence dans les propos tenus par Nicolas Sarkozy, ancien président de la France, face à la tragédie qui a eu lieu à Nice où il y a eu 84 victimes toutes nationalités confondues y compris des Tunisiens. Sous d’autres cieux, ce sont des centaines de milliers de morts en Libye, en Syrie et en Irak. Mais ceux-là ne sont pas des êtres humains. La mort les fauche tous les jours que le bon Dieu fait. Ils sont tout simplement des chiffres sans visages, sans vies et sans familles!
Il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Car celui qui appelle aujourd’hui à renvoyer les prêcheurs des mosquées sises en France chez eux, oublie ou feint d’oublier qu’il y a près de 7 millions de musulmans dans son «pays» qui est le leur aussi. Il oublie que c’est sous son «règne» que l’extrémisme a le plus fleuri dans la France républicaine et que dans certaines circonscriptions, les ruelles sont fermées chaque vendredi à l’occasion de la prière, qu’on y vend de l’encens, des produits aphrodisiaques importés de Turquie et des pays du Golfe et des ouvrages encourageant l’islam radical et appelant au Djihad.
Il oublie que lui-même, grand démocrate soucieux de la souveraineté des autres pays, a envoyé son plus grand prêcheur BHL semer les graines d’une guerre civile impitoyable en Libye.
Il oublie que c’est à cause de sa voracité et de ses ambitions démesurées visant à mettre sous sa coupe la Libye et y exploiter les champs pétroliers et gaziers via la grande firme pétrolière Total que ce pays, aujourd’hui dévasté, est devenu le fief de Daech.
Il oublie qu’à cause de présidents cyniques comme lui, la Tunisie, connue naguère pour son pacifisme et sa tolérance, souffre dans sa chair aujourd’hui d’une gangrène appelée terrorisme.
Il oublie aussi que c’est lui qui a permis à Ghaddafi, exécuté de sang-froid par des services secrets étrangers et des traitres locaux, d’installer sa grande tente en plein centre de Paris. Mais à l’époque, il y avait une campagne présidentielle en préparation et Sarkozy avait besoin de Ghaddafi !
Jean-Jacques Urvoas, le ministre de la Justice, aujourd’hui en poste en France, a dénoncé et à juste titre le “culot” de Sarkozy: “Regarder le JT de TF1 et se dire que le culot finit par remplacer ce qui fut une forme de talent”.
Le monsieur, aujourd’hui fervent défenseur de la politique des expulsions des «extrémistes», n’a même pas eu l’honnêteté de reconnaître ses responsabilités dans la montée de l’islam politique wahhabite en France via ses relations privilégiées avec l’Arabie Saoudite et le Qatar devenu un principal investisseur en France du temps où lui-même était président.
Dans son interview sur la chaîne française TF1, il parle de l’ouverture de centres de déradicalisation. Il n’a peut-être pas voulu dire dératisation car qui ne sait pas que pour lui, et même s’il ne le clame pas tout haut, nous musulmans et même africains, serions des «rats» à évacuer d’urgence (sic). Ses discours prononcés dans nombre de pays africains contiennent des lapsus révélateurs sur lesquels il est superflu de revenir aujourd’hui.
Pour Nicolas Sarkozy, fils de Pál Sárközy de Nagy-Bocsa, immigré hongrois arrivé en France au début du 20ème siècle et d’Andrée Mallah, d’origine française et grecque séfarade, les autorités actuelles devraient expulser des personnes étrangères fichées S et placer en centre de rétention ou sous bracelet électronique, celles présentant un risque de radicalisation. Est-ce à dire que celles qui se sont radicalisées dans l’hexagone relèvent des pays émetteurs il y a un siècle? Devrait-on, si nous suivions son propre raisonnement, expulser les premières, deuxièmes, et troisièmes générations de Français parce que fichées S?
Et pour terminer après avoir balisé tous les terrains pour l’islam politique dit modéré ouvert à toutes les possibilités de radicalisation et de pratiques terroristes, il jette la pierre dans le camp des préfets qui devraient fermer les lieux de cultes musulmans ayant des liens avec l’idéologie salafiste et en expulser les imams. La France récolte aujourd’hui les fruits de la politique étrangère Sarkozy, de sa destruction de la Libye ainsi que de son soutien inconditionnel à la guerre en Syrie. Mais cela, il omet de le dire.
La gauche française laïque, meilleure alliée de l’islam politique
Malheureusement, il n’y a pas que lui en France, qui penserait ou prétendrait que l’islam modéré est inoffensif. Khaled Ferid Ben Soltane, Tunisien d’origine naturalisé français, Maître en droit public et international, vient d’envoyer une lettre ouverte qui en dit long sur les contradictions qui déchirent la scène politique française s’agissant de l’islam dit modéré.
«Au moment où, dit-il, je vous adressais mon analyse du 10ème congrès du parti Ennahdha, le 09 juillet 2016 que j’ai qualifié de “congrès de l’imposture et de la supercherie“, je ne pouvais imaginer un seul instant que l’un de mes compatriotes dont j’ai honte, fils d’un membre du parti d’Ennahdha, allait occasionner un carnage à Nice, tuant 84 personnes innocentes notamment des enfants, et blessant plus de 200 personnes. Un attentat perpétré le jour de la fête nationale de votre pays, jour de liberté pour l’humanité entière. C’est un attentat odieux, barbare, infâme et inhumain que je condamne fermement».
Il continue sur sa lancée en dénonçant l’attitude des «autorités françaises qui prétendent combattre le terrorisme islamiste mais accueillent au Parlement français le chef des frères musulmans -section Tunisie-, Rached Ghannouchi, qui défend les djihadistes et déclarait: «”Ce sont nos enfants et ils me rappellent l’élan de ma jeunesse, ils veulent promouvoir une nouvelle culture”». Pour moi, il s’agit de la culture du terrorisme. Je me réjouis que Messieurs François HOLLANDE, président de la République Française, et Monsieur Manuel Valls aient refusé de recevoir Rached Ghannouchi, ils sont certainement plus fidèles aux valeurs de la gauche socialiste et de l’internationale socialiste. Toutefois, je suis en droit de m’interroger sur les raisons profondes de l’organisation de la visite de Rached Ghannouchi en France, sachant qu’il ne représente pas la diplomatie tunisienne. En effet, il n’est pas ministre, encore moins ministre des Affaires étrangères, il est tout simplement un chef de parti, à moins que vous traitiez avec une diplomatie parallèle, une diplomatie sociale selon Rached Ghannouchi, terme qui n’existe guère dans le lexique des relations internationales que mes imminents professeurs de droit de la Faculté de Poitiers m’ont enseigné».
Les Guigou, maîtres du marketing pour l’islam politique pour l’islam dit modéré
Selon Pr Ben Soltane, «certains militants du Parti Socialistes auraient abandonné les valeurs de la gauche socialiste pour traiter aujourd’hui avec le plus grand défenseur du djihadisme en Tunisie». Le rôle du couple Guigou a été mis en lumière. «Madame Guigou, vous vous êtes déplacée en Tunisie pour rencontrer le président de la République Tunisienne, et préparer la visite en France de Ghannouchi, préparation à laquelle participait François Gouyette, ambassadeur de France en Tunisie, qui semble avoir transgressé sa mission diplomatique pour faire de la politique en Tunisie. Rached Ghannouchi, l’idéologue de l’islam politique, a été accueilli par Jean-Marc Ayrault, Claude Bartolone, Jacques Lang, Gérard Lercher, Jean-Pierre Raffarin, le MEDEF et l’IPEMED que préside M.Guigou. Honnêtement, ce sont des ministres tunisiens en poste, des hommes d’affaires tunisiens, l’UGTT et l’UTICA, qui auraient dû être invités en France car ce sont les institutions officielles de la République Tunisienne et non la diplomatie parallèle avec laquelle vous traitiez, la diplomatie sociale telle qu’elle est prônée par Rached GHANNOUCHI et qui ne figure guère dans le lexique des relations internationales. Lorsque nous voyons pareilles attitudes des leaders politiques français, nous ne pouvons que nous étonner de voir qu’un commentateur, suite au drame de Nice, ose sur I-Télé interpeller les autorités diplomatiques tunisiennes pour leur demander d’ouvrir l’ambassade de Tunisie à Rikka au lieu de Damas car d’après lui, cela lui permettrait de cerner les milliers de Tunisiens daéchistes qui y sévissent».
Je me permettrais en tant que journaliste de lui rappeler les milliers de Français qui militent dans les rangs de Daech tout en déplorant son «culot» d’oser s’adresser ainsi à un Etat. Ce n’est pas à lui de nous définir en tant que Tunisiens les lieux d’ouverture de nos chancelleries. Peut-être qu’il reviendrait à la France qui considère le groupuscule terroriste «Jabhat Ennosra» comme étant une opposition modérée qui fait du beau travail (en égorgeant les populations syriennes innocentes) de revoir ses positions. La déclaration est de Fabius, ancien ministre français des Affaires étrangères et lui ne condamne pas du tout les atrocités de Jabhat Ennosra!
La France devrait peut-être commencer par faire le ménage chez elle et dans ses propres politiques aussi bien nationales qu’étrangères face à la montée de l’islam radical, si elle veut s’épargner une longue lutte contre les idéologues islamistes extrémistes et les exécutants de leurs plans apocalyptiques. Il est peut-être temps d’en finir avec le mythe de l’islam politique modéré. Le jour où l’Occident comprendra cela, il s’épargnera beaucoup de sang et de larmes!
Amel Belhadj Ali