Pour la première fois depuis 2011, aucun acte terroriste n’a été enregistré durant le mois de Ramadan en Tunisie. Un mois associé, selon les groupes terroristes, au Jihad qu’ils confondent délibérément au terrorisme et à la lutte armée.
En Tunisie, ces actes, qui avaient presque tous coïncidé avec la commémoration de la Bataille de Badr, ont notamment ciblé des membres de l’armée et de la sécurité nationale.
L’année dernière la Tunisie a connu de nombreux attentats qui ont fait des victimes parmi les membres des institutions militaire et sécuritaire ainsi que parmi des touristes étrangers.
Au cours des trois dernières années (2013, 2014 et 2015) un assassinat politique, le deuxième du genre qu’a connu la Tunisie après la révolution et deux attaques terroristes, l’une contre l’Armée et la deuxième a ciblé des terroristes étrangers, ont eu lieu durant Ramadan.
Le 25 juillet 2013, le leader de l’opposition, Mohamed Brahmi, député à l’Assemblée nationale constituante, avait été abattu par des groupes terroristes.
En 2014, 15 soldats furent tués au moment de la rupture du jeûne au Mont Chaambi dans le gouvernorat de Kasserine; soit une des plus sanglantes attaques perpétrée contre les membres de l’armée tunisienne.
Le 26 juin 2015, un attentat cibla l’hôtel Impérial Marhaba de Sousse dans la zone touristique d’El Kantaoui à 140 Km de Tunis; une attaque qui a fait 38 victimes britanniques pour la plupart.
En 2016, et pour prévenir tout acte terroriste, la Tunisie a multiplié les opérations anticipatives et les actions de renseignement afin d’élever le niveau de promptitude de ses forces sécuritaires. Ce qui a permis de démanteler des dizaines de cellules terroristes avant l’avènement du mois de Ramadan.
A ce propos, le président de Centre tunisien des études de la sécurité globale, Mokhtar Ben Nasr, colonel major à la retraite, a déclaré à l’Agence TAP que les institutions sécuritaire et militaire ont accompli d’importantes réussites en 2015 en s’attaquant aux dirigeants et têtes pensantes des groupes terroristes.
Il a notamment cité l’opération sécuritaire réussie de Sidi Aich (Gafsa) qui a visé la Katiba de Okba Ibn Nafaa et fait 9 morts parmi les terroristes, dont le redoutable dirigeant Lokman Abou Sakhr “Emir” d’Al Qaida au Maghreb islamique.
L’important déploiement sécuritaire et le maintien de l’état d’urgence, notamment après l’attentat du 26 novembre 2016 contre un bus de la Garde présidentielle ont largement contribué à la mobilisation des forces de sécurité pour prévenir d’éventuelles attaques durant le mois saint, selon Ben Nasr.
A cela s’ajoute, la récupération de la majorité des mosquées qui étaient hors contrôle et où se déroulaient secrètement l’enrôlement des jeunes.
Pour Mokhtar Ben Nasr, les exploits sécuritaires ne doivent pas occulter les défis qui se posent. Les forces sécuritaires doivent rester vigilantes et prêtes à réagir à toute riposte éventuelle des cellules dormantes et des éléments qui sont rentrés des foyers de tension en Irak, Syrie et Libye.
Il a indiqué, à ce propos, que le centre avait proposé au ministère de l’Intérieur la création d’une structure d’intégration pour aider ces catégories à se débarrasser de la pensée takfiriste extrémiste à travers une prise en charge psychologique et sociale.
De son coté l’activiste et ancien porte-parole du ministère de l’Intérieur Walid Lougini a expliqué les réussites réalisées par les institutions militaire et sécuritaire par la conjonction des efforts de tous les intervenants et l’efficacité des actions de renseignement. L’opération sécuritaire de Mnihla dans le gouvernorat de l’Ariana en constitue, selon lui, la meilleure preuve.
Il a mis en avant, aussi, la précieuse contribution des citoyens à travers les signalements. Au cours de cette intervention, deux éléments dangereux, recherchés par la police, ont été abattus et 37 autres qui planifiaient des attaques terroristes durant le mois de Ramadan ont été arrêtés.