Fathi Bayoudh : “Je me sacrifierai pour toi mon fils”

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C’est en allant chercher sa femme à l’aéroport d’Istanbul que Fathi Bayoudh, chef du service pédiatrique de l’hôpital militaire de Tunis, a perdu la vie suite à un triple attentat-suicide qui a fait 43 morts, pour lequel Daech est le principal suspect.

Fathi Bayoudh avait un seul but: récupérer son fils de 26 ans des mains de Daech. Il a fini par réussir mais le terrorisme ne l’a pas laissé savourer sa joie après la fin d’un long combat contre ce groupe terroriste.

Interrogée par l’Agence France Presse (AFP), Saida, l’épouse du défunt, a souligné: “mon mari a fait l’impossible pour sauver son fils et c’est à l’automne que nous avons appris que notre enfant unique, Anouar, 26 ans, avait rejoint l’EI en Irak puis en Syrie, comme l’ont fait des milliers de Tunisiens ». Et d’ajouter: «mon fils a quitté Daech, il a voulu échapper à ce groupe et revenir en Tunisie. Il a découvert que c’était des monstres». Puis d’insister: “il ne faisait même pas la prière de façon régulière. Mais c’était quelqu’un de bien, de poli et de respectueux”.

La maman raconte: « après avoir suivi un temps des études de médecine, sans travail, mon fils se lance dans un nouveau projet et s’inscrit dans une faculté privée et tout bascule fin octobre. Anouar dit se rendre en Suisse, pour les besoins d’un stage. Mais il s’avère qu’il rejoint l’EI en Irak».

“Sa fiancée, Farah, a appelé mon mari au début du mois suivant pour lui dire que ça n’était pas la peine de les chercher, qu’ils allaient bien”, raconte la mère. “Quinze jours plus tard, Anouar a lui-même appelé pour nous dire qu’il était en Irak et qu’il avait été chargé par l’EI de s’occuper des blessés”.

“Mais la tonalité des échanges évolue rapidement et il a fini par demander à son père de le sauver. Il avait très peur de ces gens-là. Dans ses messages à son père, Anouar les qualifiait de monstres et nous disait que Daech, ce n’était que de l’arnaque”, assure encore Saida.

La veuve montre le dernier message du défunt à son fils, sur lequel il a écrit “Je me sacrifierai pour toi mon fils”.

Saida explique « après un court passage en Syrie, Anouar s’est rendu à l’armée libre syrienne et leur a dit vouloir retourner en Tunisie. Il est resté environ deux mois incarcéré. Durant cette période, son père, en congé sans solde, était en Turquie pour tenter de trouver les moyens de le rapatrier”.

Elle précise « le lundi, veille de l’attentat, mon mari a su que son fils était sur le sol turc. Il était fou de joie de pouvoir enfin le voir et m’a demandé de venir rapidement en Turquie et mardi, il était à l’aéroport pour m’accueillir ».

Selon mme Saida, bien que les funérailles aient lieu le vendredi 1er juillet 2016, son fils ignore encore que son père est décédé.

Rappelons qu’après le drame les autorités tunisiennes ont annoncé le jeudi que la Turquie avait accepté le prochain rapatriement d’Anouar. (Lire notre article)