La paix sociale justifierait-elle le sacrifice de l’hôpital de Sfax et de l’autorité de l’Etat ?

 

greve-ugtt-sfax1Différentes sources bien informées indiquent que Chokri Tounsi, directeur général de l’hôpital de Sfax subirait depuis des semaines des pressions et même des menaces pour le pousser à démissionner. M. Tounsi, médecin militaire de formation, devrait peut-être ignorer ces pressions et ne pas déserter un poste qui a besoin d’une personne intègre et qualifiée. Il honorera ainsi ses engagements en tant que citoyen et en tant que soldat.

Le pire dans cette situation abracadabrante est que des sources syndicales ne cessent de confirmer l’accord conclu avec le chef du gouvernement depuis le mois d’avril 2016 promettant la sortie de Chokri Tounsi avec un plan pour le pousser vers la porte. Espérons que ce ne sont que des vœux pieux, car un chef de gouvernement est par essence censé soutenir son ministre surtout lorsque ce dernier exerce ses prérogatives dans le respect de la loi et pour servir au mieux les intérêts de la nation.

Mais si c’est le cas, la compétence en médecine et en management serait, selon cette logique, sacrifiée, à des représentants syndicaux qui ne brillent pas par leur probité, leur droiture et leur honnêteté. La santé des populations de Sfax serait aujourd’hui un enjeu pour le gouvernement tunisien qui achèterait, semble-t-il, la paix sociale! Nous avons un grand exemple en la matière, l’augmentation salariale a accru l’inflation, n’a pas amélioré le pouvoir d’achat des citoyens, a paralysé les caisses de l’Etat et, ironie du sort, n’a pas assuré la paix sociale.

Une paix sociale qui, dans le cas présent, pourrait détruire ce qui est resté de la confiance des hauts cadres en l’Etat? Qui laisserait les hôpitaux publics en pâture à des individus, lesquels, de l’avis de tous, y compris du personnel médical, abusent de leurs privilèges en tant que syndicalistes et agissent en hors-la-loi? Qui atteindrait la dignité et l’autorité de l’Etat? Qui nuirait à la qualité des soins dispensés dans les établissements publics?

Mieux encore, à quoi serviraient ministres et hauts commis de l’Etat s’ils n’ont même pas la main haute en matière de choix des responsables des établissements qu’ils dirigent et des politiques à suivre?

S’il revient aux Adel Zouaghi et Co de décider des nominations des responsables dans la fonction publique et qui serviraient en principe au mieux leurs petits intérêts vénaux et égoïstes, alors Habib Essid, chef du gouvernement, n’aurait peut-être plus à présider des conseils de ministres. Il se réunirait plutôt avec les énergumènes promus depuis le 14 janvier décideurs dans leurs régions sans aucune légitimité et dans l’illégalité la plus totale.

Et on reprochait au régime de Ben Ali népotisme et clientélisme. Si ce qui se passe à Sfax aujourd’hui n’est pas du népotisme alors quel nom lui apporter.

En tout état de cause, Saïd El Aidi, ministre de la Santé, devrait peut-être chercher d’ores et déjà une autre compétence à l’hôpital militaire, peut-être qu’elle correspondrait plus aux vœux du sieur Adel Zouaghi ou est-ce l’institution militaire qui susciterait le tournis chez ce monsieur qui lui serait, semble-t-il allergique?

A.B.A