“Lauréat 2016” du Prix Olfa Rambourg pour l’Art et la Culture, le danseur-chorégraphe tunisien revient avec une nouvelle création “Ouled Jellaba” qui sera présentée le 25 juin 2016 au Théâtre El Hamra de Tunis.
Le travail de Rochdi Belgasmi, c’est sur le fil du rasoir. Avec, pour effet, un paradoxe toujours renouvelé pur comme une ligne chinoise, on le voit ou d’un coté, ou de l’autre. Fouillant dans un univers aussi fragile que tabou, l’exhibition de l’intime et du plus communément partagée, la remise en question de la tradition et du contemporain, demeurent l’enjeu le plus profond de la danse de Rochdi Belgasmi.
Cela donne déjà? une méthode de travail : la ” méta-danse “, et une forme artistique du genre ” solo-en-commun “. Lorsque Rochdi Belgasmi trace en 2011, dans son solo Transe : corps hanté, quelque chose comme une ” diagonale du fou ” entre chants berbères traditionnels et réécriture chorégraphique contemporaine, c’est pour se demander ce qui le fait bouger, et ce qui, en lui, fait bouger la scène. Et lorsqu’il prolonge cette diagonale, deux années plus tard, dans une oblique visiblement déhanchée mais non moins folle avec le ” Rboukh ” masculin de Zoufri, c’est pour œuvrer davantage dans l’arc tendu de cette contradiction, sans pour autant rester bloqué dans sa petite histoire.
Comment parvenir toutefois à dérouler les fils ? Aucune recette. Pour Rochdi Belgasmi, il s’agit toujours d’un long travail de recherche, d’extraction pour prendre le corps à rebrousse-poil. Entre tradition et contemporanéitée, le corps se met constamment en jeu. Et pour cause. Comme dans “Wa Idha Aassaytom” ( méta-danse), son dernier solo de 2014 qui fait jouer transgression du jeu chorégraphique, l’enjeu de Ouled Jellaba est d’oser, mais tout autrement. Il s’agit “d’oser enlever la danse des ” cafés chanta ” à la hauteur d’une contemporanéitée” (Adnen Jdey, philosophe tunisien).