La grande variété de la poterie modelée dans les pays du Maghreb, une tradition ancestrale qui passionne de plus en plus d’académiciens et ethnologues occidentaux dont le français Pierre Guichard, auteur du livre “Par la main des femmes…la poterie modelée au Maghreb”. Ancien professeur à l’Université Lumière Lyon 2, Pierre Guichard était l’invité, vendredi, de l’Académie tunisienne des Sciences des lettres et des arts, “Beit-al-Hikma”, à Carthage, où il a donné une conférence au cours de laquelle il a parlé de son livre, édité en 2015 chez la Maison de l’Orient.
Il s’agit d’une étude de 480 pages, argumentée de photographies, sur les collections de poteries modelées du musée des Confluences, de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée et le Musée de la poterie méditerranéenne (Lyon- France). Guichard a présenté les caractéristiques et les origines de chacune des poteries figurant dans son livre dont beaucoup sont des objets utilitaires.
De Tunisie, il a montré une grande variété de poteries achetées, trouvées chez des amis collectionneurs de Paris, Lyon et Toulouse ou bien celles qui figurent à la Maison de l’Orient et au Musée des Confluences.
Il a aussi montré une collection privée “aux décorations très fines” et des poteries en argile, généralement des objets encore utilisés dans les zones rurales et qui sont mis “en vente sur les routes tunisiennes”.
De la zone tribale de Frachiches à Kasserine, l’universitaire montre une assiette utilisée par les habitants semi nomades. Peu colorés, c’est le genre d’objets assez rares et encore utilisés de façon folklorique”, selon l’auteur.
Une diversité d’objets plus au moins traditionnels, tel ce chamelier à la patte cassée qu’il dit avoir acheté aux souks de Tunis, il y a quelques années. Souvenir de son premier voyage en Tunisie, en 1963, il a montré des photos de poteries de Sejnène et d’autres réalisées par Saliha, la doyenne des potières de la région.
De la poterie d’Alger au “décor assez caractéristique”, aux poteries des zones montagneuses près d’Alger où à partir “des années 70, les femmes avaient commencé à vendre ces poteries très belles et au décor très fin, aux habitants d’Alger mais aussi aux touristes”. Guichard a parlé des “artistes artisanes” en Algérie dont les poteries sont faites de “triangles dans tous les sens”.
Toute une variété de poteries propres à l’Algérie dont certaines sont “très peu collectionnées” car elles sont considérées de “style un peu rustique”, a expliqué Guichard. Il y a aussi des objets rares comme cette lampe de mariage de la grande Kabylie centrale datant de 1900.
Des objets du Rif marocain pas assez décorés mais qui se présentent comme des œuvres d’art, sont présentes au musée des Confluences à Lyon.
Selon l’auteur du Livre, les objets de poterie modelée du nord du Maghreb sont caractérisés par “un fond plat aux influences méditerranéennes et andalouses”, alors que la poterie du Sahara algérien, se différencie par “son fond bombé, à influences plutôt africaines”.
L’auteur du livre sur la poterie au Maghreb s’est montré réticent à prouver les origines exactes des objets présentés.
“J’ai pas voulu rentrer dans la question des origines parce que c’est très compliqué à prouver et à expliquer”, a soutenu l’auteur. Son argument, est que l’ “on a très peu attesté archéologiquement l’origine exacte de certains objets trouvés lors des fouilles surtout que certaines poteries se conservent mal”.
Cependant, il a fait remarquer que certains objets de régions différentes présentent des similitudes au niveau des décorations et motifs. Mais le problème rencontré se rapporte à “la dénomination de chaque objet dont le nom varie selon la région”.
Passion personnelle ou nécessité scientifique, l’ouvrage dresse un bilan de tous les objets trouvés dans la zone du Maghreb allant du Rif marocain, la région d’Alger, la Kabylie en arrivant jusqu’à Kasserine, Sejnène, le Sahel et le Cap Bon, plus grand centre de production de céramique en Tunisie.