“Il est grand temps de réviser la législation nationale sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes, la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels et la traite des êtres humains afin de mieux garantir les droits de ces catégories fragiles”, a plaidé Amor Mansour, ministre de la justice. “Néanmoins, ce dispositif juridique ne suffit pas, à lui seul, pour mettre fin à ces pratiques.
Encore faut-il que les mentalités et les comportements changent et évoluent”, a-t-il martelé. Il s’exprimait, jeudi, lors d’un atelier sur “la violence à l’égard des femmes, exploitation et abus sexuels à l’encontre des enfants, traite des êtres humains : cadre juridique et institutionnel tunisien à la lumière des conventions du conseil de l’Europe”.
A ce titre, le ministre de la justice a passé en revue les dispositions du projet de loi organique relatif à la prévention et la lutte contre la traite des personnes, précisant que cette loi vise à prévenir les formes d’exploitation auxquelles pourraient être exposées les personnes, notamment, les femmes et les enfants, à lutter contre leur traite, à en réprimer les auteurs et à protéger et assister les victimes.
Approuvé en conseil des ministres le 6 mai 2015, ce projet de loi est soumis à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour examen le 8 mai 2015, a-t-il rappelé, appelant à la nécessité d’accélérer son entrée en vigueur.
Une campagne de sensibilisation a été lancée via les médias conjointement entre le ministère de la justice et l’organisation internationale des migrations (OIM) afin de mieux sensibiliser l’opinion publique aux dangers de la traite des êtres humains, a-t-il révélé.
Prenant la parole, Samira Merai Friaa, ministre de la femme, de la famille et de l’enfance a déclaré que selon les résultats d’une enquête nationale sur la violence à l’égard des femme menée en 2010, le taux des femmes ayant subi une forme de violence au moins une fois dans leur vie, s’élève à 47,6 pc.
Une autre étude menée récemment par le centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF) montre que le taux des femmes victimes d’un acte de violence dans l’espace public, s’élève à 53,5pc.
Ces indicateurs justifient l’urgence de la mise en place d’une stratégie pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes, a-t-elle dit. La ministre a évoqué, aussi, la nécessité de l’élaboration d’un cadre législatif, faisant le point sur les lacunes et les insuffisances entachant le cadre actuel.
Pour sa part, William Massolin, chef de bureau du conseil de l’Europe en Tunisie a mis l’accent sur la nécessité d’identifier des solutions communes aux problématiques soulevées par les questions de la violence à l’encontre des femmes et des enfants, mettant l’accent sur la nécessité de décréter des mesures de prévention et de protection.